Algérie

Un Maroc stupéfiant


Un joint pour planer
Cette vérité est connue par tous. Elle est aussi répétée par tous. Cependant, quand c'est l'Espagne qui le dit, la «pilule» est avalée par le Maroc. Mais quand c'est l'Algérie, ça ne passe pas.
Il n'y a que les vérités qui fâchent. Et celles dites par l'Algérie soulèvent, à chaque fois, un tollé médiatique surtout quand elles concernent le voisin marocain et sa drogue. C'est loin d'être le cas quand des propos similaires sont tenus par des responsables... espagnols. Lundi dernier, le ministre de l'Intérieur espagnol a promis le déploiement de policiers au sud du pays, dans la région de Cadix, afin de lutter contre les narcotrafiquants qui ont récemment défié ouvertement les forces de l'ordre. «Cette zone ne sera pas dominée par les narcotrafiquants. C'est une zone où l'Etat de droit règne et où tout type de délinquance sera combattu, en particulier cette délinquance à grande échelle qui est celle des narcotrafiquants», a déclaré le ministre Juan Ignacio Zoido, repris par TSA.
La décision du ministre espagnol vient en renfort aux dénonciations quotidiennes du maire de La Linea, Juan Franco, qui se plaint régulièrement de la situation sécuritaire de sa ville où débarquent des trafiquants en provenance du Maroc. Selon le ministère de l'Intérieur espagnol, 40% de la drogue entrant en Espagne arrivent par la province de Cadix. Et c'est via cette province que la drogue marocaine est acheminée. Faut-il rappeler les propos du porte-parole de la direction générale des douanes françaises, Serge Puccetti, qui avait clairement dit: «Les producteurs sont au Maroc, les grossistes en Espagne, et tout le monde s'approvisionne là-bas.»
Le Maroc est le premier exportateur mondial de cette substance et les recettes du trafic de drogue représentent 23% de son PIB. Cette vérité est connue par tous. Elle est aussi répétée par tous. Cependant, quand c'est l'Espagne qui le dit, la «pilule» est avalée par le Maroc. Mais quand c'est l'Algérie, ça ne passe pas. Dernièrement et après les propos de Messahel et de Ahmed Ouyahia, le secrétaire général du Front de Libération nationale (FLN), Djamel Ould Abbès est revenu sur le danger qui menace l'Algérie à ses frontières ouest en affirmant que le pays «est visé par le biais de tonnes de drogue déversées à ses frontières». Le patron du FLN a estimé que «ces stupéfiants sont plus assassins que les missiles ou les bombes», évoquant «l'impérieuse nécessité de se prémunir de ces dangers par le resserrement des rangs».
Les déclarations du secrétaire général du FLN n'ont pas manqué d'être qualifiées par les médias marocains de «nouvelles attaques» contre le royaume. Ces derniers avaient, faut-il le rappeler, mené toute une campagne contre le ministre des Affaires étrangères Abdelkader Messahel alors que ce dernier n'avait fait que répéter des vérités, connues, mais tues. En révélant publiquement les confidences qui lui ont été faites par des chefs d'Etat, africains sur les liens entre les institutions bancaires marocaines et le blanchiment de l'argent de la drogue, Abdelkader Messahel avait été «poursuivi» en justice par la compagnie Air Maroc! Certes, ces poursuites n'ont eu d'effet que celui de l'annonce, cependant, le pays voisin a tenu à marquer l'incident. Mieux encore, les autorités marocaines avaient convoqué le chargé d'affaires algérien à Rabat et exigé des explications sur les propos de Messahel qualifiés d'«irresponsables» et «enfantins». L'ambassadeur du Royaume du Maroc à Alger avait également été convoqué pour consultations. Le Makhzen tenait vraiment à son «incident diplomatique». D'incident, il n'y en aura point. Et cela en raison de la «sagesse» et de la «responsabilité» des officiels algériens. Ces derniers, avisés, impassibles et ayant l'art du langage, n'ont guère polémiqué avec le voisin de l'Ouest. Ils ont cependant persisté à dire les vérités qui fâchent. Et c'est le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, sous sa casquette de secrétaire général du RND, qui avait d'ailleurs renchéri en déclarant que «le haschisch qui rentre en Algérie ne vient pas d'Afghanistan. Tout le monde connaît la provenance de ces substances toxiques en Afrique du Nord».
La réponse est évidente et ce n'est pas l'Algérie qui le dit, mais des rapports officiels des organismes internationaux. Il suffit de rappeler à ce propos, le dernier rapport de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc) qui a maintenu le Maroc en 2015 comme le premier pourvoyeur et producteur de résine de cannabis au monde, alimentant essentiellement les réseaux de trafic de drogue en Europe et en Afrique du Nord.
Le Maroc a confirmé sa place de premier producteur mondial de résine de cannabis avec près de 50.000 hectares de surface cultivée en plein air. Et il faut se poser là, une question: l'Etat marocain peut-il ignorer l'existence de cette production à grande échelle avec autant de cultures en plein air' Pour y répondre, il y a lieu de rappeler le dernier scandale, relayé par la presse étrangère, et évoquant l'implication même du sommet de l'Etat marocain dans le blanchiment d'argent de la drogue. Il s'agit, juste à titre d'indication, des enquêtes menées par la police marseillaise en 2016 sur les fonds engrangés du trafic de cannabis, qui ont été blanchis via la structure financière Attijariwafa Bank. Avec 1,5 million de victimes du kif marocain, l'Algérie, en assémant ses vérités, ne fait que se défendre contre cette nouvelle forme de «guerre» que nous livre le Royaume chérifien.
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