Un marché sous la loupe

Le marché de l'armement peut-il être soumis à un contrôle infaillible ' Il y a bien sûr la partie visible de ce commerce « légal » où la vente de toutes sortes de matériels militaires, air, terre et mer, allant des avions de chasse, aux drones, aux fusils et aux munitions, aux blindés, aux missiles de tous types et autres bateaux de guerre, sous-marins. Et il y a la part invisible du trafic d'armes, qu'on ne peut ni quantifier ni tracer, même si la complicité des pays qui possèdent des industries militaires développées est évidente.En tout cas, l'une et l'autre face de ce marché ont toujours coexisté, d'une façon presque naturelle, là où éclatent des conflits violents, sans faire trop de bruit, jusque-là. Tant que ces armes en circulation tuent des Africains ou autres populations de pays faibles, personne ne s'en soucie outre mesure. Mais, depuis l'éclatement de la guerre en Ukraine, la donne a changé, et les ventes d'armes ont pris une dimension jamais égalée par le passé.
Pour l'Ukraine, le problème ne se pose pas, on ne leur vend pas des armes, elles sont offerts gratuitement par les Européens et les Américains en signe de soutien à Kiev, dans sa guerre contre la Russie. Mais, pour la Russie, on cherche à couper toutes les voies d'approvisionnement en armes. De ce fait, ce marché est mis sous la loupe, non pas parce que c'est un marché de la mort, mais juste pour permettre à une partie de l'emporter sur une autre. La pression a été mise sur la Chine, non pas accusée ouvertement de fournir des armes à la Russie, mais qu'elle envisage de le faire. Puis, l'Iran, en octobre 2022, qui a été accusé de vendre des drones à Moscou. Après avoir nié l'existence d'un tel marché, l'Iran a fini par reconnaître qu'il a vendu des drones à la Russie avant l'éclatement de la guerre en Ukraine. Chose qui a permis de clore ce chapitre des accusations contre l'Iran. Puis vint, ces derniers jours, le tour de l'Afrique du Sud, accusée d'avoir livré des armes à la Russie, en décembre 2022. Ce n'est ni le gouvernement américain ni l'Union européenne qui ont formulé cette accusation, mais l'ambassadeur américain à Pretoria qui a, lors d'une conférence de presse avec les médias locaux, lâché cette bombe. Pourquoi a-t-on laissé le soin à un ambassadeur de lancer pareille accusation ' Etait-ce une déclaration destinée à la consommation locale, puisque l'opposition au président n'a pas manqué de lui demander des comptes ' Tous les pays accusés ont nié catégoriquement ces assertions de livraisons d'armes à la Russie, et ni les Etats-Unis ni les pays membres de l'UE n'ont pu apporter une preuve incontestable en soutien à leurs accusations.
La Russie n'a pas grand besoin d'importer des armes, étant une puissance militaire mondiale qui n'a pas encore utilisé toutes ses capacités militaires dans ce conflit, comme l'a affirmé le Président Poutine. Il faut dire également que même la Russie ne manque pas d'accuser l'Otan de soutenir ouvertement l'Ukraine, ainsi que les Etats-Unis et les pays européens de fournir des armes à Kiev. Mais, face à toutes ces accusations, le marché de l'armement ne s'est jamais mieux porté que par ces temps-ci, où la paix n'a plus droit de cité.