La mondialisation a beau tisser sa toile et entraîner des changements tous azimuts, le marché mondial de l'armement reste insensible à ses effets. A quelques modifications près, la configuration de l'industrie et du négoce du matériel de guerre reste conforme à une vieille photographie héritée des années de la guerre froide. Au moyen d'importantes parts du marché, trois grands pôles continuent de dominer la bourse planétaire de l'armement. Dans un rôle inchangé depuis la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis ouvrent le tableau, suivi du noyau fort de l'Union européenne - France et Royaume-uni - et de la Russie. Entre 1996 et 2006, les industries militaires américaine, britannique, russe et française ont contribué, à elles seules, pour 85% des exportations mondiales. La première y contribue à hauteur de 55% contre 30% pour l'Union européenne. Illustration frappante des rapports de force en la matière, ces chiffres sont consignés dans le rapport du ministère français de la Défense sur les exportations d'armement de la France en 2006. Destiné au parlement pour un motif de «transparence», le rapport détaille le commerce militaire français avec le monde, en même temps qu'il analyse la structure du marché mondial. Globalement, les indicateurs de ce dernier restent les mêmes. C'est un marché qui pèse 55 milliards d'euros, selon les estimations de Paris. Les conjoncturistes de la Délégation générale à l'armement, la structure compétente du ministère français de la Défense, relèvent une «certaine augmentation» des factures établies, ces dernières années. Un surcroît de ventes qui porte à 65 milliards d'euros le volume du négoce planétaire de l'armement. Deux grandes caractéristiques dessinent les contours de ce marché. A la concurrence sans concession à laquelle se livrent les vendeurs, s'ajoute le «faible nombre» de pays exportateurs. Alors que dans d'autres secteurs, la poussée irrésistible des pays émergents est, depuis une vingtaine d'années, une réalité, la mondialisation de l'industrie militaire tarde à se manifester. Des pays y activent, mais leurs parts sont insignifiantes pour chambouler le marché sectoriel. L'Allemagne dans le segment de l'armement naval et Israël -active dans l'électronique, les drones et les missiles tactiques- charment bien des clients. Leurs exportations, ajoutées à celles de Washington, Londres, Paris et Moscou, couvrent 90% du commerce mondial des armes. Les 10% restant sont assurés, pour l'essentiel, par la Chine, l'Italie, l'Espagne, la Suède, le Brésil, l'Afrique du Sud et la Corée. S'y ajoutent, selon le constat des spécialistes français, d'autres pays à l'image du Pakistan. Ces derniers venus «se distinguent par la production de matériels de niveau technologique intermédiaire, dont le faible coût intéresse des pays aux exigences plus limitées». Les quatre premiers vendeurs (USA, Grande-Bretagne, France et Russie) s'y maintiennent, forts de leur base industrielle militaire «significative» qui donne la part belle au «segment supérieur du matériel neuf». Leurs parts du marché n'ont guère souffert de l'irruption, voici une vingtaine d'années, sur les décombres de la guerre froide, du marché de l'occasion. Le marché des équipements usagés «s'est développé -essentiellement en volume- avec l'apparition d'un foisonnement de matériels relativement rustiques vendus à bas prix, souvent issus des surplus des anciens protagonistes de la confrontation Est-Ouest ou des conflits plus récents», observe le rapport du MDN français. Qui ajoute: «toutefois, l'ampleur de cette offre de matériels d'occasion a, aujourd'hui, tendance à s'essouffler, tandis que le marché de la rénovation et de la modernisation des équipements de la défense s'est accru». Tendance qui n'échappe pas à l'observation de la Délégation générale française à l'armement, la montée en puissance de la Russie. Depuis 2000, le pays de Vladimir Poutine aligne, bon an mal an, des résultats à la hausse. Résultat, la plus puissante des ex-Républiques de l'URSS a subtilisé le troisième rang à la France, talonnant les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Vue de Paris, cette «progression de la position concurrentielle russe» tient à trois facteurs: une volonté politique «forte» du Kremlin de restaurer son industrie militaire mise à mal par les effets stratégiques de la chute du mur de Berlin, une restructuration du secteur industriel et une «amélioration qualitative» de l'offre. A terme, le marché mondial de l'armement est bien parti pour afficher des chiffres d'affaires en hausse. A l'origine de cette prospective optimiste des spécialistes français, une reprise des transactions sous l'effet des cycles de renouvellement des matériels. Deux segments sont promis aux commandes: le matériel neuf, au premier rang duquel les avions de combat.
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Posté Le : 15/12/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : L'un de Nos correspondants à Paris: S Raouf
Source : www.lequotidien-oran.com