Algérie

Un Manifeste contre l'offensive idéologique du libéralisme



Un Manifeste contre l'offensive idéologique du libéralisme
Réenchanter la politique et la chose publique», voilà qui n'est pas une sinécure pour les rédacteurs du Manifeste de Tunis, réunis fin mai dernier à l'occasion des rencontres intitulées «5 ans après le printemps 2011, défis, tâches et stratégies des moyens des gauches arabes».Cette première rencontre, organisée sous la bannière du Monde Diplomatique (version arabe) ainsi que la fondation Rosa Luxemburg, n'avait pu, souvenons-nous, accoucher d'une déclaration finale faute de consensus entre les participants. Il a fallu attendre deux mois pour que la plateforme soit paraphée et rendue publique.Selon les rédacteurs du Manifeste, les désordres que vit notre monde aujourd'hui sont aggravés de manière dramatique par l'approfondissement de l'offensive capitaliste et le poids croissant de la dette. Le constat souligne l'accroissement des inégalités ; augmentation de la pauvreté dans les pays des rives sud, mais aussi nord de la Méditerranée avec des effets différenciés selon les pays ; aggravation de la crise sociale, économique et écologique ; destruction des structures et valeurs citoyennes.Plus que jamais d'actualité, le Manifeste prend des distances avec les analyses «prêt-à-emporter» servies dans les médias dans le sillage des violences qui secouent variablement les deux rives de la Méditerranée, prenant à contre-pied les discours à peine maquillés sur le choc des civilisations.«Pour prévenir toute perspective d'alternative progressiste et de rupture avec l'ordre dominant, les forces réactionnaires et leurs alliés mènent un savant travail de division et de sape des sociétés dans les pays de l'espace euro-arabe. Dans ce cadre, la Méditerranée est devenue une frontière quasi infranchissable en vue d'étouffer toute tentative de construction d'une alternative politique de transformation sociale», lit-on dans le document. Pour rappel, la rencontre a été rehaussée par une participation importante d'un large éventail de partis de gauche arabes, à l'image du FDLP palestinien, El Qotb et le Parti des travailleurs de Tunisie et le MDS algérien, alors que du côté européen étaient représentés, entre autres, le PCF, Podemos et Syriza.L'ennemi capitalisteDerrière le rideau, le marionnettiste s'appelle «libéralisme», affirment ces adeptes de la grille de lecture marxienne. «Le libéralisme favorise de facto la montée de l'islam politique et du djihadisme au sud ainsi que de l'extrême-droite au nord. Ces deux projets politiques ayant par ailleurs des intérêts communs, notamment parce que leur idéologie est basée, d'un côté comme de l'autre, sur le rejet des différences et de la diversité. L'extrême-droite et l'islam politique bénéficient par ailleurs du repli identitaire favorisé par les politiques d'austérité et la destruction du tissu social par le capitalisme».Au beau milieu de l'hégémonie capitaliste, les cadres de gauche réunis à Tunis décèlent cependant, dans tous les pays de l'espace euro-arabe, des poches de résistance à travers des expériences alternatives et des luttes citoyennes, preuve, s'il en est, de «la vivacité de la société civile et du refus des peuples de se résigner à un destin qui serait écrit par les tenants de la pensée libérale et du libre-échange». Des expériences multiples qui méritent tout le soutien possible afin d'ouvrir une perspective plus largement «aux peuples de nos pays respectifs».La démarche se veut une réponse euro-arabe progressiste aux replis identitaires générés par l'offensive idéologique du libéralisme et du libre-échange. C'est pourquoi le Manifeste de Tunis s'engage à apporter un soutien concret aux initiatives sociales et citoyennes porteuses d'une alternative au capitalisme et à se réunir de manière régulière, lit-on dans le même document, pour poursuivre et approfondir ce travail d'élaboration d'un vécu commun aux deux espaces. Un processus long de formations et d'échanges sera mis en place au service des femmes, les jeunes, les activistes des mouvements sociaux et les représentants des classes populaires.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)