Algérie

Un Mali en situation d'urgence



De nouveau, les groupes armés signataires de l'Accord de paix au Mali, issu du processus d'Alger, sont montés au créneau pour dénoncer ce qu'ils appellent sa «déliquescence», appelant les garants internationaux à « éviter une rupture définitive» entre les différentes parties. Dans un communiqué diffusé vendredi, la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), une alliance de groupes touareg et nationalistes du nord du pays, en rébellion contre le pouvoir central depuis de nombreuses années jusqu'à la signature à Alger d'un accord de paix avec le gouvernement malien, en 2015, justifie un «constat déplorable» dans le communiqué de son bureau exécutif, réuni à Kidal, son fief traditionnel. «Il est regrettable d'avouer après 7 ans», écrit la CMA, que «l'accord de paix pâtit incontestablement du manque évident d'engagements efficients (des) parties capitales pour sa mise en oeuvre, à savoir les gouvernements successifs du Mali, la médiation (algérienne) et la communauté internationale garante de son application intégrale». Et d'ajouter que «les parties garantes (de l'accord de paix) sont dans l'obligation politique et morale de jouer de façon pleine et efficiente leur rôle afin d'éviter une rupture définitive» entre les parties. Cette nouvelle sortie intervient alors que le Mali, pays pauvre et enclavé dans une région sahélienne en proie à une contagion terroriste croissante, tente d'y faire face malgré la grande insuffisance des moyens. Après deux coups d'Etat militaires en août 2020 et mai 2021, le Mali a adopté un programme de transition pour assurer un retour des civils au pouvoir d'ici mars 2024. La conjonction d'une crise sécuritaire et d'une crise politique qui remontent aux années 2012 est à l'origine de plusieurs milliers de morts, civils et militaires, et de centaines de milliers de déplacés. Des défis énormes pour les dirigeants de transition qui se retrouvent dos au mur et ont bien du mal, compte tenu des maigres ressources du pays, à faire face à toutes les urgences. Il n'empêche, l'Algérie en tant que chef de file de la médiation et parrain de l'Accord de paix issu du processus d'Alger, n'a jamais cessé d'oeuvrer à sa concrétisation, avec des réunions périodiques du Comité de suivi, comme récemment à Kidal. Le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, n'a pas manqué, voici deux jours à peine, en marge des travaux de la 9e Conférence de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique, d'exhorter à la réintégration des 26 000 combattants maliens aux forces de sécurité, tant il faut relever «un défi pour donner à chacun la possibilité de croire à une nouvelle vie, au lieu de combats entre frères». Lamamra qui intervenait à la session «Réponses africaines aux menaces émergentes pour la paix et la sécurité sur le continent», a souligné qu'il s'agit là d' «un travail à long terme, semé d'embûches». Aussi, faut-il faire preuve de patience, de responsabilité et de bonne volonté pour que le Mali puisse recouvrir sa sécurité, sa souveraineté et son intégrité territoriale au profit de toutes les composantes sociales et ethniques.


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