Algérie

«Un magnifique patrimoine musical, surtout de tradition arabo-andalouse» Karina Feredj. Fille de Lili Boniche



son talent éclore. La chanson figure dans une vibrante anthologie qui vient de paraître à la maison d'édition Harmonia Mundi (sous le label World village). Nous avons demandé à la fille de l'artiste disparu en 2008, Karina Feredj, de commenter pour nous cette parution. Lorsque Lili Boniche chante La mamma d'Aznavour, on est touché au c'ur. Cette mamma, c'est aussi la terre natale, l'Algérie, qui a vu
-Que reste-t-il aujourd'hui de l''uvre de Lili Boniche, quatre ans après son décès '
Il reste un magnifique patrimoine musical surtout de grande tradition arabo-andalouse, musique qu'il a étudiée enfant avec son maître Saoud l'Oranais ainsi que son classique algérois appris dans des grandes sociétés de musique arabes telle que La Montribia fondée en 1911, et La Mossilia, fondée en 1932. Cela l'a conduit à un demi-siècle de musique «francarabe», avec des succès comme Je chanterai toujours la musique orientale, puis une chanson inédite qui est l'adaptation déchirante de la Mamma d'Aznavour.
-Quel a été son apport à l'art musical à Alger '
A Alger, très jeune, il se présente à Radio Alger avec quelques musiciens, il veut passer une audition. Monsieur Azrou, directeur à l'époque, accepte au bout de 20 minutes qui semblent interminables à Lili. Il lui accorde une heure d'émission par semaine. Sa voix résonnera alors dans toute l'Algérie. A cette époque, il composera un de ses plus beaux succès Alger Alger. De plus, il joue à Alger avec le plus prestigieux orchestre, des musiciens comme Mustapha Skandrani, pianiste et chef d'orchestre, ou encore avec le violoniste Abdel Rhani ainsi que le drebki Alilou, musicien réputé. Lili se produisait à la salle Pierre Bordes (aujourd'hui Ibn Khaldoun) ou encore à l'Opéra d'Alger, il chantait déjà l'adaptation en arabe de Bambino de Dalida.
-Ses chansons sont-elles reprises par de jeunes artistes '
Il y a deux interprètes qui chantent du Lili Boniche, un artiste qui s'appelle Salah Gaoua, et la chanteuse Amina qui chantait dans le spectacle Les Orientales. Actuellement, Samira Brahmia chante Alger Alger dans Barbès Café/Paris.
-Pourquoi cette compilation '
Je trouvais qu'il y avait quelque chose d'inachevé dans sa discographie. De plus, j'ai retrouvé des 'uvres inédites de ses débuts jamais commercialisées ; pour le choix des titres, j'ai aussi inclus des chansons enregistrées en 1998 sous la direction de Bill Laswell, bassiste et producteur américain, Il n'y a qu'un dieu, chanson culte des dernières années.
-Quel est le nombre de chansons de Lilli Boniche '
Je ne connais pas le nombre exact des chansons entre toutes ses compositions en francarabe et ses interprétations de classique algérois. Il reste encore des chansons inédites, mais plus dans la tradition arabo-andalouse.
-Comment vivait-il les dernières années de sa vie en regardant derrière lui son pays aimé '
Les dernières années de sa vie ont été magiques, partagées entre enregistrement d'albums, concerts à travers le monde : Suède, Espagne, Italie, Allemagne, Autriche, Londres au Barbican et même au Japon. En France, il a joué sur toutes les scènes nationales, il a fait l'Olympia à 78 ans. Il était aimé de toutes les communautés, il chantait l'amour et la paix. Il aurait rêvé retourner à Alger pour chanter, selon ses mots, «avant de fermer les yeux». Il adorait son pays, l'Algérie, mais sans jamais d'amertume. Je garde de lui le souvenir d'un grand artiste, d'une personne toujours étonnée de son succès, et je garde en mémoire sa voix.


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