Algérie

Un luxe, le métro ' Point net



Ils sont vraiment... en forme, les ministres de la République, depuis une semaine. Non seulement ils travaillent mais ils disent des choses ! Après le ministre de l'Intérieur qui est venu nous expliquer que le trafic de devises est une activité d'utilité publique, que les trafiquants sont le seul rempart contre les... faussaires et que les élections locales prochaines n'intéressent même pas la classe qui...
va y participer, Voilà M. Amar Tou, le ministre des Transports, qui veut lui faire de l'ombre sur la scène médiatique et lui ravir la vedette au sein d'une opinion publique qui commence vraiment à s'emballer par ce que disent les ministres.
C'est que depuis que feu El Hadi Lekhdiri avait «parlé à l'avion» et que Abdelhamid Brahimi, alias «la science» avait jeté le pavé des vingt-six milliards qui représenterait la somme de l'ensemble des détournements, les Algériens n'ont pas eu grand-chose à se mettre sous la dent. Et voilà que ça... s'anime ! En visite d'inspection, lundi, au chantier de l'extension du métro d'Alger sur le tronçon Haï El Badr-El Harrach-Centre, le ministre des Transport n'a pas fait dans la dentelle, pour répondre à tous ceux qui se plaignent du prix du ticket de métro fixé à 50 dinars :
«Que ceux qui ne peuvent pas se payer le métro, prennent le bus !» Si c'est le but recherché, on peut d'ores et déjà dire que c'est réussi, M. Tou n'a pas fait dans la... langue de bois ! Le métro, ça intéresse beaucoup de monde. Ceux qui le prennent, ceux qui veulent le prendre, ceux qui s'en moquent, ceux qui en rêvent et ceux qui en rigolent. Tous ces gens ont dû apprécier la déclaration du ministre des Transports, deuxième «buzz» de la semaine après celui de son collègue de l'Intérieur. M. Amar Tou sait qu'il voulait parler autrement qu'un ministre mais il ne doit pas savoir que le métro n'est pas un luxe.
Il est même le moyen de transport le moins cher dans le monde. Oui, le métro est partout moins cher que le bus, M. Tou ! On ne sait pas sur quelle base il a été calculé mais on sait que 100 dinars de transport pour un aller-retour quotidien, ce n'est pas évident pour beaucoup d'Algériens. Car si le métro était un caprice de riche que tout le monde ne peut pas se permettre, on l'aurait su. Il aurait même existé... depuis longtemps dans notre pays, au lieu de rester en chantier une trentaine d'années durant, avant l'inauguration de sa première ligne !
Plus significatif encore, les travaux de génie civil du tronçon Haï El Badr - El Harrach, lancés en 2008 pour un délai de réalisation de 48 mois, n'ont été achevés que ces derniers jours, avec une année de retard. C'est d'ailleurs la fin de ces travaux qui a motivé la «visite d'inspection» du ministre ! Il paraît aussi que c'est sous l'effet de la... colère que M. Tou a lancé ses propos.
Il ne supportait pas que le prix du ticket de métro qui n'est pour lui qu'une question secondaire, puisse revenir à chaque occasion ! Excédé, le ministre des Transports aurait donc ajouté que «de toutes façons, même si on mettait le ticket à zéro dinar, il y aura toujours des gens qui trouveront à redire !»
Pourtant, le ministre des Transports a bien tenté d'expliquer toute la générosité de l'Etat qui a ainsi compensé la différence entre le prix «initial», qui serait de 84 dinars et le prix actuel, ramené à 50 dinars ! il ne dit rien de l'origine des 84 dinars, ni pourquoi 50 d'ailleurs, mais il n'en avait pas besoin. On n'explique pas le prix d'un produit à celui qui ne peut pas se le permettre.
Les autres ne se sont jamais plaints. Ou plutôt si. Le ministre des Transports s'est même cru un temps exégète : le métro, c'est comme le mouton de l'Aïd, il n'est pas obligatoire pour tout le monde. Au même titre que le pèlerinage aux Lieux Saints de l'Islam ! Personne ne lui a dit que le métro et le Hadj, ce n'est pas vraiment la même chose, mais ce n'était pas vraiment utile, il devait le savoir. C'est un peu grave, mais ça aurait été plus grave qu'il ne le sache pas.
laouarisliman@gmail.com


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