Algérie

Un lourd dossier qui interpelle le gouvernement



La prise en charge du problème du foncier constitue la priorité du ministre délégué en charge de l'Agriculture saharienne et de montagne. Selon lui, les terres agricoles en litige, dont la plupart sont non exploitées, freinent la production, d'où la nécessité d'une «épuration».Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Pour Fouad Chahat, l'urgence est de régler d'abord les problèmes liés au foncier en instance. Ces problèmes, précise-t-il, touchent les concessions faites à un grand nombre de bénéficiaires de petites exploitations de 2, 3, 4, 5 ou 6 hectares, ou de grandes exploitations dans le cadre de la loi sur l'accession à la propriété foncière de 1983.
«La situation de certaines exploitations n'est pas réglée à ce jour, et d'autres exploitations ne sont pas réellement en fonction», explique-t-il. Le ministre délégué en charge de l'Agriculture saharienne et de montagne est catégorique : «Si des bénéficiaires ne veulent plus ou ne peuvent pas garder leur exploitation, il faut donc libérer ces terres pour les attribuer à d'autres qui sont prêts à s'investir.» Il évoque aussi le problème des bénéficiaires qui disposent uniquement d'un agrément provisoire et qui n'ont pas encore eu accès à un agrément définitif. Pour lui, toutes ces situations ne font que freiner la production.
Intervenant hier dimanche, sur les ondes de la Radio Chaîne 3, Fouad Chahat indique que pas moins de 150 000 hectares sont actuellement en litige.
Pour mettre fin aux litiges, il suggère de finaliser les opérations d'affectation ou de reprendre les terres si elles ne sont pas exploitées. «Cela permettra de faire démarrer les productions dans les exploitations équipées ou dans celles où il est immédiatement possible de lancer une activité agricole», dit-il.
Il estime, d'ailleurs, que l'agriculture saharienne, qui représente aujourd'hui environ 30% du potentiel agricole national, peut atteindre entre 45 et 50% de la production nationale. «Cela est possible sous réserve d'appliquer une démarche cohérente. Elle consiste, d'une part, à conforter les exploitations existantes, à s'assurer qu'elles puissent démarrer et travailler et à ne pas perdre les investissements déjà faits, d'autre part», dit-il encore.
Le ministre délégué en charge de l'Agriculture saharienne et de montagne évoque aussi l'accompagnement des exploitations déjà existantes et productives y compris les exploitations qui se portent bien comme celles de Biskra, El Oued, Ouargla et Ghardaïa.
«Même si la production agricole est au rendez-vous, nous avons remarqué que souvent, il n'y a pas d'accompagnement de l'aval. La commercialisation est mal ou pas du tout organisée, et la transformation est très peu ou pas présente», explique-t-il, avant d'ajouter : «Il ne s'agit pas simplement de produire mais aussi d'accompagner la construction de vraies filières dans ces territoires.»
Rappelant l'engagement pris pour étendre les superficies exploitées afin d'assurer la croissance de la production, il souligne aussi le défi de la productivité. «Le bien le plus précieux dans ces zones n'est pas le sol mais l'eau. Il faut rentabiliser l'eau utilisée», dit-il. L'intervenant précise qu'actuellement, un tiers des exploitations qui produisent, utilisent encore l'irrigation gravitaire, la seguia traditionnelle, avec beaucoup de pertes d'eau.
Pour que l'usage immodéré et irrationnel de l'eau cesse, il insiste sur l'accompagnement des agriculteurs pour les amener à mettre en place des systèmes d'irrigation économes et développer ainsi une agriculture intelligente.
Ry. N.


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