Algérie

Un long périple pour des résultats décevants



Cela fait 10 ans que Sihem lutte contre les anticorps pour mener une grossesse à terme.En vain ! Mais ce ne sont pas les six fausses couches qu'elle a faites qui l'ont dissuadée de chercher encore un «bon médecin», mais l'avis d'un médecin, qui lui a annoncé en toute sincérité que son âge ne lui permet pas de réussir une autre grossesse, a mis fin à son rêve. «Vous ne faites que jeter votre argent madame.
Et puis, on vous a fait traîner beaucoup. La plupart des analyses et des radios que vous avez subies sont inutiles», lui a déclaré un gynécologue d'une clinique privée, spécialisée dans la procréation médicalement assistée au niveau de la capitale. Une réponse qu'elle a acceptée difficilement au début. Mais la décision de ce dernier médecin qu'elle a consulté lui a quand même épargné des dépenses inutiles. Sihem, qui s'est mariée à l'âge de 32 ans, a pourtant fait appel à l'aide des médecins dès la première année de son mariage. C'est à Sétif, sa localité, qu'elle a commencé les premières consultations.
«C'est un médecin que mon entourage m'a conseillé. Il a soigné de nombreux couples et ces derniers ont réussi à avoir des enfants», se rappelle-t-elle. Etant donné que les résultats n'étaient pas satisfaisants, Sihem change d'orientation. Une clinique spécialisée dans la région d'Akbou (Béjaïa) lui a été conseillée de nouveau. Après plusieurs consultations, des analyses et des radios, un traitement hormonal lui a été prescrit. «J'ai réussi à tomber enceinte à deux reprises, mais mes grossesses n'arrivent pas à terme à cause des anticorps», raconte Sihem, reconnaissant que dans cette clinique «renommée», elle a eu une prise en charge sur tous les plans.
Elle passe deux ans et demi à se soigner, mais encore une fois sans résultat. Sihem finit par changer de nouveau de médecin. Pourquoi ' «Au bout d'un moment, le médecin traitant m'a demandé d'arrêter le traitement et de temporiser, car vu mes analyses et celles de mon mari, il estime que rien n'empêche une grossesse naturelle, et pour le problème des anticorps, il sera traité une fois que je serai enceinte». «Il m'a dit qu'il ne peut rien faire de plus pour moi, car je n'ai aucun problème, à part le SAPL (les anticorps). C'est à ce moment-là que j'ai décidé de changer de médecin», explique-t-elle. Prise de panique, Sihem cherche coûte que coûte une solution.
Elle frappe à toutes les portes, mais encore une fois vainement. Elle refait ses analyses plusieurs fois, et ce sont toujours les mêmes résultats : pas de problème de santé, mais toujours pas de grossesse. C'est après avoir consulté plusieurs médecins que son entourage lui a conseillé d'aller à Sétif, où elle entame une nouvelle série de soins chez un autre gynécologue, mais cette fois-ci au niveau de la capitale. Aux frais des soins s'ajoutent ceux du transport, hôtel et restauration.
De nouveaux bilans s'imposent. Cette fois-ci, le médecin opte pour l'insémination artificielle. Encore une fois, deux fausses couches. «A peine deux mois, la grossesse s'interrompt», regrette notre interlocutrice. Et de poursuivre : «Après la fausse couche de la deuxième grossesse, il était fou de rage en me disant que c'est moi qui n'était pas prudente. Alors que j'ai fait tout mon possible pour réussir. J'ai délaissé mon foyer, ma famille et même mon travail. Donc, il m'a conseillé de prendre du recul.» Elle finit aussi par changer de médecin, cette fois-ci pour gérer le tempérament de son mari qui a du mal à supporter les exigences de ce médecin.
«Etant trop strict, le médecin interdit à l'époux d'accompagner sa femme lors de la consultation en lui disant qu'on n'est pas au Souk El Fellah», raconte Sihem en souriant, regrettant tout de même de ne pas pouvoir profiter des compétences de ce médecin. Une nouvelle clinique lui a été conseillée. Une autre aventure commence.
Une clinique très renommée à Alger. Après les premières consultations, l'espoir revient. Bien que les soins aient coûté cher. «On a refait tous les bilans, on a fait des analyses qu'on ne nous a pas demandées auparavant et même l'hysteroscopie, une radio des trompes, qui a révélé que j'ai un utérus bicorne. C'est à ce moment que le médecin traitant m'a demandé de subir une intervention chirurgicale pour y remédier», témoigne-t-elle de cette longue expérience ruineuse et sans résultats probants. «J'ai entamé un traitement me préparant pour une FIV, qui m'a coûté 8 millions. Tout est prêt pour une FIV».
Le couple a même subi des analyses sérologiques le préparant à une intervention chirurgicale. Le jour J, au moment où l'infirmière s'apprêtait à m'introduire au bloc opératoire, un médecin l'appelle, ce n'est pas mon médecin traitant, pour lui dire qu'on m'a programmée pour une insémination artificielle. «Attendez, attendez, cette patiente est programmée pour une insémination et non pas pour une FIV», crie le médecin.
Sur le champ, Sihem n'a pas réalisé ce qui lui arrive. Et pourtant son médecin lui a bien expliqué que cette fois-ci il lui faut une FIV. Elle a eu droit tout de même à une réponse autre que son médecin traitant : «L'ensemble des médecins s'est réuni et a décidé de vous faire une insémination, car votre cas ne nécessite pas une FIV. Un autre infirmier me lance en rigolant : on a failli t'endormir pour rien.» «J'ai fait une insémination et nous sommes rentrés sans trop insister sur ce qui s'est passé. Je ne voulais pas stresser et me mettre en colère. Je me suis dite, pourvu que ça réussisse, et encore une fois ça n'a pas marché», relate-t-elle avec amertume, car cette expérience lui a coûté en tout 90 millions de centimes.
Durant toute cette période de soins, ce couple n'a aucun autre projet à part les soins, qui ont bouffé toutes leurs économies. C'est lors de leur dernière visite médicale dans une autre clinique à Alger qu'un gynécologue leur a conseillé de ne pas dépenser leurs économies, dans la mesure où leurs chances d'avoir des enfants sont infimes.


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