Un lobby aux abonnés absents

Démarche n Le Président déchu a ouvert à Tunis un bureau de liaison avec Israël en attendant sans doute un jour l'installation d'une ambassade de Tel-Aviv.
Le régime tunisien, celui de Ben Ali naturellement, a toujours noué avec la France des relations exceptionnelles tant par leur densité que par leur diversité. C'est peut-être dans la droite que l'ex-dictateur a trouvé les meilleures écoutes et les meilleurs soutiens à son régime. C'est d'ailleurs cette même droite qui a aidé à la pérennité de son régime en faisant de lui un modèle de démocratie et un barrage contre l'islamisme. Peu importait aux Français les rapines du maître de Carthage et les excès de sa belle-famille et encore moins le sort peu enviable du peuple tunisien dont il avait confisqué les libertés, l'essentiel était qu'il assure la stabilité de son pays.
Indépendamment du prétendu bouclier anti-intégriste qu'on lui avait collé et dont il assurait parfaitement le rôle, que pouvait bien offrir Ben Ali aux Français pour qu'ils le laissent piller son pays en toute impunité ' Tous les avantages que peut espérer un ancien colonisateur. Le Président déchu a ouvert à Tunis un bureau de liaison avec Israël en attendant sans doute un jour l'installation d'une ambassade de Tel-Aviv.
Les relations d'affaires avec l'Etat hébreu ont été poussées jusqu'à leurs extrêmes limites, au point que des entrepreneurs tunisiens, selon certaines indiscrétions, ont essayé de nous fourguer de l'huile israélienne en décollant l'étiquette des bouteilles.
Le point culminant des rapports ambigus de la Tunisie officielle et des hommes politiques français sera mis à rude épreuve quand au beau milieu de la protesta populaire, la ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie réclamera l'envoi à Tunis de policiers anti-émeutes pour aider Ben Ali. Ses accointances avec les milieux d'affaires tunisiens lui vaudront d'ailleurs sa mise à l'écart du gouvernement.
Mais il faut croire que la gauche, elle aussi, a toujours lorgné du côté tunisien mais pas pour les mêmes motifs. C'est au lendemain de la chute du Président Zine El-Abidine Ben Ali qu'elle occupera le terrain à Paris pour soutenir la révolution du Jasmin.
Parmi les chantres déclarés à cette cause, signalons celle très remarquée de Bernard Delanoé, maire de Paris, originaire de Tunis. Sans être un ténor ou un dinosaure du Parti socialiste français, Delanoé a toujours et ouvertement soutenu l'opposition tunisienne entre autres, la ligue des droits de l'homme. C'est d'ailleurs dans son bureau de l'hôtel de ville que la plupart de ses dirigeants venaient prendre des conseils. Du reste Ben Ali a toujours pris ses distances avec Delanoé. Comme d'ailleurs de nombreux Français d'origine juive qui sont nés en Tunisie et qui ont toujours milité dans les rangs du PS tels que l'animateur de la Cinq et responsable de l'émission bien connue Mosaïque. Des humoristes, comme Michel Boudjenah, natif lui aussi de Tunisie, prendront fait et cause pour la révolution du Jasmin. Mieux le lobby organisera à Paris un immense concert pour soutenir la protesta. Aujourd'hui que le pays peine à sortir la tête de l'eau tout ce beau monde est aux abonnés absents.
I. Z.