Algérie

Un livre pour arrêter de boire



Dans son récit, l'auteur, «un bon parleur plein d'humeur», a raconté plusieurs histoires où sa vie avait failli basculer, n'était la solidarité de ses amis et de ses collègues, les forestiers, qu'il a décrits admirablement à travers leur quotidien.Le récit de Mohand-Arezki Kecili, qui a terminé comme conservateur divisionnaire des forêts avant son départ à la retraite, Adieu mon verre ! Chronique d'un sevrage, paru chez Tafat Editions (2nd semestre 2020) devrait être offert à tous les alcooliques anonymes. Un livre à lire et à faire lire bien que, par moments, on ait la nette impression que l'auteur fait dans la célébration de l'ivresse. La brève de comptoir qu'il a mise en exergue dans le premier chapitre en témoigne : «L'alcool ne résout pas les problèmes... Ceci dit, l'eau et le lit non plus.» Cependant, dès qu'on referme cet ouvrage, on ne peut le classer que parmi les meilleurs livres pour arrêter de boire.
On ne peut échapper, en effet, à ce paradoxe à la lecture de ce récit, qui ne laisse pas indifférent, bien au contraire. Avant que l'auteur, ingénieur forestier ayant gravi tous les échelons en dépit de son addiction à l'alcool, ne vienne aux déboires que «ce fameux jus de raisin lui (avait) fait subir des années durant» ou n'évoque les remords, forcément tardifs, il fait l'éloge de l'alcool, du vin plus exactement qu'il buvait sans modération aucune. Quelqu'un disait à propos de l'alcool, s'il est porteur d'autodestruction, il y a bien également dans son usage, souvent excessif, une part de jeu. Cela s'applique parfaitement à Mohand-Arezki Kecili. D'ailleurs, il le reconnaît lui-même en avant-propos : «Il m'a fallu du temps pour parler et transcrire ces ambivalences qui ne cessent de torturer ma conscience.» Bien qu'il s'en soit sorti tout seul, sans faire partie de ces groupes d'alcooliques anonymes qui existent à travers le monde, il avoue que, par moments, l'envie de replonger se manifeste parfois chez lui mais il tient bon.
La raison, c'est qu'il a réussi, comme il l'a souligné d'emblée. «Cette succession de pages n'est autre que la narration d'événements véridiques», qui ont, certes, dénaturé le rythme de sa vie avant qu'il ne soit remis sur les rails pour le restant de sa vie. Dans son récit, l'auteur, «un bon parleur plein d'humeur», a raconté plusieurs histoires où sa vie avait failli basculer, n'était la solidarité de ses amis et de ses collègues, les forestiers, qu'il a décrits admirablement à travers leur quotidien à la différence qu'avec lui, son agenda était rythmé par ses escapades en forêt pour faire la bringue ou écumer les bars.
Originaire de Chemini, dans la vallée de la Soummam, Mohand-Arezki Kecili rejoindra après Alger le cap Aokas où il vit toujours. Les bars dans la région du Sahel, ce n'est pas ce qui manque. L'auteur les citera un par un. Mais avant de partir à la retraite, il est allé faire des analyses médicales. Son médecin de famille, le Docteur Laaziz Kecir, lui dit : «Le bilan est catastrophique ! Qu'est-ce qui se passe'» Il répond : «J'aime beaucoup le vin.» «Mais le vin est une culture, l'exagération est nocive. Si tu veux éviter une attaque rénale, tu dois t'abstenir de boire de l'alcool et suivre un régime.» Après le sevrage, l'auteur avoue apprécier les moments avec sa famille ; il profite de ses deux petites filles contrairement avec ses trois garçons qu'il n'a pas vus grandir. «Moralement, je me sens bien dans ma peau car je suis respecté dans la famille et à l'extérieur de la maison.» Et les gens viennent solliciter ses conseils pour vaincre l'alcool.
A. Kersani


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