Depuis hier, Tebboune n'est plus le Premier ministre de l'Algérie. Ainsi en a-t-on décidé en haut lieu, ne lui donnant même pas le bénéfice du doute. L'homme a été limogé sans aucune autre forme de procès moins de trois mois après sa nomination. Un triste record qui en dit long sur la déliquescence des institutions de l'Etat et sur la mainmise de certains cercles sur les manettes du pouvoir décisionnel.En l'absence d'explications officielles, le communiqué de la Présidence étant aussi laconique qu'un PV de la gendarmerie, il faut peut-être chercher les raisons de ce «licenciement» dans son bras de fer engagé avec les représentants des fortunes amassées grâce à l'argent des projets publics. Tebboune avait une mission, celle de sauver le pays en le renflouant et en arrêtant la fuite des capitaux en devises sous couvert d'importation de tout et de rien. Le désormais ex-Premier ministre avait même évoqué cette feuille de route en affirmant avoir reçu des instructions du président de la République dans ce sens-là et que l'argent de l'Etat se trouvait auprès des opérateurs économiques.Sur 40 milliards de dollars de crédits accordés par les banques publiques à certains privilégiés du système évidemment sur instructions d'en haut, seuls 10% ont été récupérés. D'où cette instruction d'accélérer le processus de recouvrement et ces mises en demeure envoyées à des entreprises défaillantes. Tebboune a eu le mérite d'intéresser de nouveau les Algériens à la politique, de leur insuffler un espoir bienvenu dans cette grisaille nationale, mais voilà la récré a pris fin. Et brutalement. Les cercles d'intérêts, la proximité coupable de l'argent des affaires avec le pouvoir et ses relais, l'appétit de requin des oligarques algériens et la pression constante de chancelleries étrangères sur les décisions souveraines de l'Algérie ont eu finalement la peau de Tebboune. Et des espoirs nourris de voir quelque chose bouger là-haut.Que reste-t-il maintenant de son programme présenté devant l'APN, de son initiative à appeler à un dialogue national ' Rien. Son remplaçant, Ouyahia, sait plus que quiconque ce que cela coûte de se faire des ennemis dans cette sphère-là. Le commis d'Etat dans toute sa splendeur n'ignore pas non plus qu'il est un fusible de circonstance qui risque de sauter quand la balance va pencher. Sa nomination, lui, doit aussi avoir ses raisons et ce n'est certainement pas le communiqué de la Présidence qui nous en apprendra davantage.
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Posté Le : 16/08/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Moncef Wafi
Source : www.lequotidien-oran.com