Je tiens tout d'abord à vous remercier d'évoquer ce quartier de Blida, appelé communément Douiret, ou quartier indigène pour les Français. En effet, dans ce quartier n'habitaient que des indigènes, il n'y avait aucun Français de «souche», si cela existe, et j'y suis né. J'ai habité rue Ibn Khaldoun jusqu'à l'âge de 17 ans et nous avons vécu, dans notre chair la Révolution algérienne, comme tous les Algériens vivant dans les casbah. Douiret est situé à flanc de montagne, d'où la facilité pour elkhaoua (les frères) de fuir et de rejoindre le maquis tout proche. Douiret lui-même était un maquis où rarement s'aventurait un non-musulman et les seuls militaires qui y patrouillaient étaient les parachutistes cantonnés près de Bab Erahba, une des deux entrées de Douiret avec le Camp brodé vers le cimetière chrétien.Les parachutistes avaient élu domicile dans les locaux de la savonnerie Thiar et régulièrement ils se croisaient avec les moudjahidine que l'on renseignait sur le mouvement des troupes. J'avais 14 ans et nous étions les enfants de la guerre. Nous assistions à des attentats comme dans un film de série B, mais bien réel. L'un des frères Sota jouait avec nous au football, quand il apercevait un agent de la Sûreté nationale armé sur le toit d'une maison, il l'ajustait et le tuait comme un pigeon. C'était une initiative personnelle qu'il paiera de sa vie. Par contre, suite à cela, les tirailleurs sénégalais encerclèrent Douiret et sortirent des maisons tous les hommes qui s'y trouvaient et parmi eux le fils de ammi Ali le boulanger qui, la veille, avait subi une intervention chirurgicale. Ils le sortirent avec ses pansements pleins de sang, puis alignèrent les hommes contre le mur et les fusillèrent. Le seul qui échappa était un moudjahid, Hakim (il se reconnaîtra), qui s'effondra avant d'être touché.
Jeté dans un camion avec les cadavres, il réussit à prendre la fuite. C'était cela pour nous Douiret et la ruelle du «Seroual» (zankat essaroual) se souvient encore de ces horreurs. Les personnalités qui y vécurent étaient Ahmed Kebaïli (cycliste) l'aigle de Chréa et son éternel rival Zélasco. Kebaïli fut condamné à 5 ans de prison suite à la découverte d'une atelier de fabrication de bombes dans sa fabrique rue d'Alger, Mohamed Lamari, le chanteur, etc. Quant à mes frères et moi-même, après la guerre nous nous sommes investis dans le sport avec le succès tout relatif que vous devez sûrement connaître. Vite un musée à Douiret pour que l'on n'oublie jamais, car c'est une véritable école de la Révolution et de la vie. Les frères Bendiffallah (lecteurs)
Posté Le : 17/08/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : El Watan
Source : www.elwatan.com