Algérie

Un laboratoire oublié



Trois animaux domestiques constituent la richesse des nomades de la région.
Ces derniers se déplacent et peuvent traverser les frontières. Aux difficultés qu'occasionne cette mobilité, s'ajoute le commerce d'animaux d'embouche qui sont lâchés dans des pâturages, parfois durant des semaines, et qui finissent dans les marchés à  bestiaux sans qu'on arrive à  déterminer leur origine géographique ni les zones qu'elles ont fréquentées. Pareille situation nécessiterait une prise en charge efficace de surveillance des cheptels, de l'évaluation de leur consistance, et, surtout, de leur état de santé, en prenant en considération les dangers liés aux échanges transfrontaliers.
C'est pour assumer ces missions d'observatoire de la santé animale que Tamanrasset a été dotée d'un laboratoire d'analyses installé dans les locaux de l'inspection vétérinaire de cette wilaya. Equipée à  coups de millions de dinars de tous les matériels scientifiques nécessaires, cette unité n'a jamais été fonctionnelle et n'a donc pas pu s'acquitter des missions qui sont les siennes, tout simplement parce que le ministère de l'Agriculture a oublié un tout petit détail : le statut. Un laboratoire équipé de moyens neufs mais abandonné à  l'action des sables et des poussières depuis quatre années, voilà une situation préjudiciable pour les éleveurs et la santé de la population de la région. N'est-ce pas que seule la bureaucratie ministérielle algérienne est capable de prouesses aussi ridicules que coûteuses !
Et ce n'est pas tout !
L'inspection vétérinaire, comptant une vingtaine d'inspecteurs, ne dispose d'aucun véhicule. Comment alors vont-ils arriver jusqu'aux endroits où leur présence est nécessaire lorsque l'on sait que les distances se mesurent ici en centaines de kilomètres '
Combien de temps accepteront-ils avant d'utiliser sur des terrains aussi difficiles leurs propres véhicules ' Le responsable de cette unité, Fawzi Hadji, ne cache pas son amer-
tume : «Comment pourrons-nous travailler dans ces conditions '», lâche-t-il, avant de préciser qu' «ici la tâche est de la plus haute importance à  cause des mouvements de cheptels». En effet, il y a lieu ici de prendre en considération les traditions nomades, mais également la situation de la santé animale assez difficile dans la région.
Dépourvue de moyens lui permettant d'arriver jusqu'aux populations ayant besoin des prestations qu'elle peut assurer, l'inspection vétérinaire n'a d'autre solution que de stocker des produits souvent acquis en devises fortes jusqu'à leur péremption. Drôle de logique.
 


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