Algérie

Un Kurde désigné président de l?Irak



Une revanche sur l?histoire La communauté kurde d?Irak doit certainement fêter l?accession d?un de ses chefs à la tête de l?Etat, mais qu?en sera-t-il des pays voisins, principalement la Turquie, qui suivent avec appréhension le retour sur scène d?une ethnie également présente sur une bonne partie de son territoire ? Les Turcs, rappelle-t-on, n?ont pas attendu le vote du Parlement irakien, intervenu hier, pour mettre en garde et même menacer les Kurdes d?Irak s?ils venaient à chercher à aller bien au-delà du régime d?autonomie. On n?en est pas encore là, car nul ne connaît avec exactitude les ambitions réelles des Kurdes d?Irak, et les moyens, principalement les appuis extérieurs, pour les concrétiser. Même si le poste est honorifique et qu?il est flanqué de deux vice-présidents, on retiendra donc que pour la première fois dans l?histoire de l?Irak moderne, un Kurde a accédé à la magistrature suprême du pays en la personne du vieux combattant Jalal Talabani, que l?Assemblée nationale transitoire a élu hier au poste de président de la République. Une élection réglée d?avance, puisque le nom était connu au lendemain des élections du 30 janvier, et avant même celui du nouveau parlement. La communauté kurde, qui représente entre 15 et 20% de la population irakienne a été longtemps persécutée sous les différents régimes qu?a connus ce pays et notamment sous Saddam Hussein, qui n?a pas hésité à gazer 5000 d?entre eux en 1988, à les transférer par la force et à les jeter sur les routes de l?exil. Le chef de l?Etat sortant, le sunnite Ghazi Al Yaouar, et le ministre des Finances sortant, le chiite Adel Abdel Mahdi, ont été élus vice-présidents sur la même liste que M. Talabani. Il n?y avait pas d?autres candidats pour ces postes, dont l?attribution avait été négociée à l?avance entre les représentants des listes chiite et kurde et des politiciens sunnites. Les trois hommes ont obtenu les voix de 228 des 275 députés. Il y avait 257 députés présents dans la salle, dont 29 ont voté blanc. Les trois membres du Conseil présidentiel prêteront serment aujourd?hui, a annoncé le chef du Parlement, Hajem Al Hassani. M. Talabani et ses adjoints seront chargés alors de nommer un Premier ministre, qui devra ensuite former son cabinet avant de le présenter à la chambre. Tous ces mandats prendront fin à l?issue des élections générales prévues, pour l?heure, en décembre prochain. « Je vous promets de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour mériter votre confiance », a dit le nouveau président à l?adresse de la chambre. « J?écouterai vos propositions et exécuterai vos décisions et je participerai de toutes mes forces à l?établissement d?un régime démocratique qui garantisse la liberté pour tous et pour déraciner le terrorisme criminel et la corruption et les idées racistes de (Michel) Aflak », l?un des fondateurs du parti Bâath, auquel appartenait Saddam Hussein, a-t-il ajouté. « L?Irak veut une relation équilibrée avec les pays voisins et nous n?avons qu?un seul slogan : ?Nous sommes l?ami de celui qui veut être notre ami et l?ennemi de celui qui veut être notre ennemi? », a-t-il dit. « Notre peuple refuse de courber la tête, sauf devant Dieu, et nous demandons à tous de traiter l?Irak avec respect, de ne pas s?ingérer dans ses affaires intérieures et de ne pas aider les terroristes qui mènent une guerre d?extermination contre le peuple irakien », a-t-il encore dit. Après l?annonce des résultats, sous les applaudissements des parlementaires, le président de l?Assemblée, Hajem Al Hassani, a félicité M. Talabani, 72 ans, qui est le chef de l?Union patriotique du Kurdistan (UPK). La liste kurde est arrivée en deuxième position aux élections générales du 30 janvier dernier et compte 77 députés, derrière celle des chiites de l?Alliance unifiée irakienne, qui en compte 146. Le chiite Hussein Chahrastani, vice-président du Parlement, a indiqué que Ibrahim Jaâfari, chef du parti chiite islamiste Al Dawa devrait être désigné ce matin comme Premier ministre par le Conseil présidentiel et que « tout sera mis en place la semaine prochaine ». Si la majorité des portefeuilles ont été distribués entre les différentes communautés, les chiites et les Kurdes se disputent toujours le ministère stratégique du Pétrole. Il était donc plus facile de commencer par le haut, là où la fonction était honorifique.


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