Algérie

Un juste retour des choses



Cette fois, c'est fait, les élections palestiniennes ont eu lieu, alors même que le président de l'Autorité palestinienne avait toute la latitude pour décréter un nouveau report. Ce ne sont pas les arguments qui manquent. Il en a chaque jour. Au moment où le mouvement Hamas s'emparait de nombreuses municipalités, Abou Mazen devait certainement tirer les leçons de ce succès qui ne tenait qu'à son seul échec dans le processus de paix. Ariel Sharon, Premier ministre israélien, avait alors coupé les ponts, et littéralement offert la bande de Ghaza au mouvement Hamas en décidant un retrait unilatéral de ce territoire, sans concertation avec l'Autorité palestinienne et sans transfert. La suite, on la connaît. Trois semaines plus tard, Mahmoud Abbas revenait les mains vides de son voyage à Washington. Il a eu tout juste droit à des déclarations de principes, mais sans le moindre engagement. La Feuille de route ce plan de paix international, même réécrite par Israël, selon ses propres conditions, cessait d'exister. Le principal engagement, la création d'un Etat palestinien, n'était pas respecté. Il savait aussi que tout était fait pour que rien ne soit fait, et que par conséquent, il n'était plus question de se payer de mots. Paradoxalement, Israël aussi, et même s'il dit le contraire, travaillait à cette perspective. On ne discrédite pas et on n'affaiblit pas son interlocuteur sans conséquence. Et puis, ce sont les plus hautes autorités israéliennes qui avaient reconnu qu'elles s'attelaient toujours à tuer dans l''uf toute initiative de paix sérieuse. C'est pourquoi, ce qui s'est passé mercredi ne devrait pas surprendre, car l'Autorité palestinienne pour le devenir du peuple palestinien devait en tirer les conséquences Les élections palestiniennes se sont donc déroulées comme prévu, beaucoup de passion avec une participation plus large que la première fois en 1996, une compétition féroce où les candidats entendaient faire valoir leurs programmes sans la moindre concession. Et cerise sur le gâteau, les différents groupes armés, non seulement ont décidé de mettre fin à leur opposition, mais se sont engagés à combattre toute tentative de sabotage de cette élection. Et quoi que disent ses dirigeants, Israël est fortement impliqué dans cette élection. C'est lui qui a poussé à la radicalisation de l'opposition palestinienne au processus de paix, et affaibli par conséquent son partenaire dans les négociations. Il s'agit de l'Autorité palestinienne accusée d'incapacité à assurer l'ordre, alors qu'Israël l'a dépourvue de tout moyen. Elle a fini même par vivre un bien curieux mais dangereux déséquilibre sur le plan de l'armement en faveur des groupes armés. C'est ce qu'on appellerait le vote israélien.Mais pourquoi se braquer à tout prix sur ce mouvement en ne retenant qu'une partie du programme de ce dernier ' Une bien grossière man'uvre après les offres de dialogue de ce dernier à Israël, et même les principes énoncés par ses plus hauts responsables, y compris par son fondateur Cheikh Yassine assassiné par les Israéliens, laissant entendre clairement que son programme se recoupait avec celui des autres organisations palestiniennes. Plus clairement, comment ne pas tirer d'enseignement dans ce sens de la participation de Hamas elle-même à cette élection puisqu'il accepte de jouer le jeu des institutions palestiniennes issues du processus de paix ' Sur cette question, et au plan international, un certain silence a cédé la place à une cacophonie qui faisait du Hamas une réelle menace. L'Europe, en ce qui la concerne, s'est quelque peu ravisée avons-nous appris dans les milieux diplomatiques. Un diplomate a préféré recourir à une réponse plutôt imagée, moins directe il est vrai, mais claire. « Je n'aime pas le président de mon pays, mais je suis obligé d'en tenir compte. » Mais à l'inverse, ferait-on remarquer, la question ainsi soulevée entraîne d'autres occultées pour différentes raisons, comme l'occupation israélienne et sa persistance par la destruction de tout processus de paix sérieux.


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