Algérie

Un juge dans le box des accusés Le procès de Balthazar Garzon s'ouvre à Madrid


Un juge dans le box des accusés Le procès de Balthazar Garzon s'ouvre à Madrid
Le juge espagnol Baltasar Garzon a qualifié hier, devant le tribunal suprême de Madrid, de «crimes contre l'humanité» les disparitions de civils sous le franquisme, expliquant ainsi sa tentative d'enquêter sur ce dossier qui lui vaut un procès polémique.
Avant d'entendre la déposition du magistrat, le tribunal a décidé de mener à son terme ce procès, en dépit d'une demande d'annulation soutenue à la fois par le parquet et par la défense, qui mettent en cause la faiblesse de l'accusation.
Assis sur le banc des accusés, le juge Garzon a tenté de justifier l'enquête qu'il a réalisée de 2006 à 2008 sur le sort de plus de 100 000 disparus, dénonçant des crimes «imprescriptibles».
Les familles de victimes, qui l'avaient saisi en 2006, décrivaient une série de faits, a-t-il déclaré, «disparitions, détentions illégales, assassinats», qui pouvaient être qualifiés «dans certains cas de crimes contre l'humanité, de génocide». Il s'agissait, a-t-il ajouté, de «d'élimination systématique en vertu d'un plan conçu à l'avance de milliers et de milliers de personnes toujours portées disparues à ce jour». «Toute la dynamique était pratiquement identique» à celles d'autres dictatures, a-t-il dit en allusion au régime nazi et au fascisme en Italie.
Comment juger un juge '
La campagne entreprise par ses partisans dénonce le «paradoxe» qu'il y a à voir juger le magistrat qui a osé ouvrir le dossier des disparus de la guerre civile et de la dictature, un sujet qui reste tabou en Espagne 37 ans après le retour à la démocratie. Aux portes du tribunal suprême, environ 200 manifestants s'étaient réunis, hier, criant qu'«il faut juger les crimes franquistes», autour d'une grande banderole portant d'anciennes photos en noir en blanc et des cases marquées d'un point d'interrogation.
«Dans le système judiciaire, il reste des séquelles de l'ancien régime (la dictature). Ce procès est une honte pour l'Espagne et pour le monde», a lancé Pio Maceda, un des manifestants. «Le spectacle d'un juge en position d'accusé, devant justifier son enquête sur des tortures, des meurtres et des disparitions, est en soi un affront aux principes des droits de l'homme et de l'indépendance de la justice», a affirmé Reed Brody, un représentant de l'organisation Human Rights Watch, qui assiste en tant qu'observateur au procès.
Baltazar Garzon, poursuivi à la demande de deux associations d'extrême droite, est accusé d'avoir enfreint la loi d'amnistie votée en octobre 1977, deux ans après la mort de Francisco Franco, qui était censée imposer un «pacte du silence» sur les années noires de la guerre civile (1936-39) et de la dictature (1939-75).
Le magistrat a d'ailleurs profité de sa déposition pour souligner qu'il n'existait «aucune donnée sur la guerre civile» et que son instruction avait finalement reposé sur le travail d'associations et sur des témoignages pour chiffrer le nombre des disparus à plus de 114 000.
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