Un jour, un délire

« Les titulaires de licence en philosophie dans le cadre de l'enseignement classique ne savent plus à quel saint se vouer. Leur diplôme n'est pas reconnu pour pouvoir accéder à un poste d'enseignant pour lequel il est exigé un master. Ils ne peuvent de ce fait pas participer aux concours de recrutement organisés par le ministère de l'Education. Ils interpellent, de ce fait, le Premier ministre afin qu'une solution soit trouvée et qu'ils puissent accéder à des postes d'emploi. » C'est pompé par votre serviteur en mode « copier-coller » du «Periscoop» du Soir d'Algérie dans sa livraison d'hier. La philosophie ! On avait même oublié que c'était enseigné dans un pays qui tourne le dos à l'intelligence. Et « la philo », ce n'est pas seulement l'intelligence, c'est aussi et surtout la liberté. De penser, de s'exprimer et d'agir. La philo et ses problèmes, ça va plus loin que les considérations de diplômes, de reconnaissances de diplômes et d'équivalences des diplômes. Bien évidemment, il faut comprendre les « licenciés » en philosophie qui ont besoin de travailler et de faire bouillir la marmite. Toutes les sciences, tous les arts devraient nourrir leurs femmes et leurs hommes. Il n'y a aucune honte à ce que la pensée soit rétribuée, au contraire. Chaque penseur qui mène une existence digne devient encore plus inspiré, plus... libre. De ce qu'il produit et de ce qu'il peut -éventuellement - en faire. Plus libre et plus accessible en raison de ses moyens de diffusion. La philosophie commence à l'école pour les nuls, les autres, c'est une autre histoire. Deuxième moitié des années 70, les islamistes avaient investi l'enseignement de la philosophie. Ils savent travailler, eux, depuis longtemps. Et ils n'avaient pas froid aux yeux, pour déborder sur les programmes et les méthodes. Ils avaient leur... pédagogie. Ils avaient surtout leur projet et ils s'y sont mis. Pas tout seuls mais avec le... système en place qui sait choisir ses alliés, histoire de ne pas se tromper d'ennemi. La philosophie n'est pas ringarde, c'est une science d'avant-garde. Il n'y a pas de philosophie sans liberté de pensée et il n'y a pas de liberté de pensée sans la philosophie. La philo ne s'enseigne pas ' Allons ! Les licenciés algériens en philosophie ne sont peut-être pas des lumières mais s'ils sont en plus brimés, il en restera quoi ' On arrête la philo ' Allez-y, si vous êtes capables de tout arrêter ! Sinon, ceci n'est qu'un délire. La philosophie, c'est tout de même une autre histoire.S. L.