Sauvé in extremis par des policiers, il est toujours à l’hôpital Terchine, en attente d’un transfert vers une structure de grands brûlés. Son acte a jeté l’émoi au sein de la société mozabite, très attachée à la sacralité de la vie humaine. En fait, même lui n’arrive pas à expliquer son geste.
A ceux qui lui ont rendu visite, il révèle néanmoins avoir été guidé par «l’injustice» qu’il dit avoir subie. Mouna est connu par tous comme étant un «bon vivant» qui donne les couleurs aux vitrines des commerces de ses amis et aux murs de sa ville, sur lesquels il dessine de jolies fresques. Considéré comme un reclus, il vit dans son petit monde, au quartier Nichène, où cohabitent les deux communautés, mozabite et arabe.
Son commerce de réalisation de plaques d’immatriculation et d’impression est souvent fréquenté par d’autres artistes comme lui, qui n’ont d’autres loisirs que les rencontres entre amis. Il y a six mois, «des individus ont fracassé la porte d’entrée de sa maison, saccagé l’intérieur, volé des objets de valeur et brûlé le motocycle de son père». Il dépose une plainte au commissariat «mais six mois plus tard l’enquête est au point mort». Il se retrouve ballotté entre le commissariat et le parquet. «Le procureur refuse de le voir et les policiers le dénigrent. Le 9 février dernier, il fait l’objet d’une agression par trois individus. Il dépose une deuxième plainte. Il revient le surlendemain, mais la façon avec laquelle les policiers le reçoivent, toujours avec dénigrement, le pousse au désespoir. Il sort des lieux, s’asperge de diluant qu’il utilise pour la peinture et allume le feu», raconte un de ses proches. Transféré à l’hôpital, Mouna souffre de brûlures du second degré au visage, aux mains, à l’abdomen et aux jambes.
Un traumatisme pour lui, pour ses proches et sa communauté. Que s’est-il donc passé au commissariat et qui aurait mis Mouna dans cet état de folie ' Certains affirment que les policiers lui auraient parlé de l’affaire de son frère (accusé avec un militant des droits de l’homme, Kamel Eddine Fekhar, d’avoir brûlé un véhicule de police), et lui auraient fait croire qu’il risquait d’être poursuivi lui aussi. «Ce sentiment d’injustice ajouté au fait que le procureur n’a pas voulu le recevoir ont fait que Mouna a fini par perdre son sang-froid», déclare Kamel Eddine Fekhar, l’une des rares personnes à lui avoir rendu visite. Pour ce dernier, Omar est «une victime de la répression et de l’injustice». Contacté, le chargé de la communication de la Sûreté nationale avance une autre version : «Mouna Omar s’est présenté durant la nuit du 9 février à la sûreté urbaine du 1er arrondissement, aux environs de 2h.» «Il a déposé une plainte contre trois personnes, qui l’ont agressé avant de lui voler son téléphone portable et deux bagues en argent. Il a été entendu sur procès-verbal, et les auteurs présumés de cette agression ont été identifiés», affirme le chargé de la communication qui précise que «l’affaire est en cours d’enquête».
Selon ce responsable, Mouna a effectivement déposé une plainte le 4 juin 2010, «pour l’incendie d’une moto appartenant à son père, lors d’une incursion d’individus dans sa maison. L’enquête a été menée et le dossier transféré au parquet de Ghardaïa, le 23 juin 2010». Du côté du parquet de Ghardaïa, c’est le silence. Personne ne veut commenter cette affaire, qui a jeté l’émoi et la consternation chez les citoyens à Ghardaïa.
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Posté Le : 15/02/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salima Tlemçani
Source : www.elwatan.com