Le 11 décembre 1960 est une date charnière dans le processus d'accession de l'Algérie à l'indépendance nationale, apportant ainsi la caution populaire à la lutte armée qui avait alors cinq années. Les historiens et les témoignages considèrent les manifestations populaires de ce jour-là partout en Algérie comme une réponse cinglante aux colons et aux responsables politiques de la France coloniale qui maintenaient encore l'illusion d'une « Algérie française ». Le peuple algérien avait donc répondu à l'appel, prouvant ainsi qu'il était déterminé à aller jusqu'au bout des principes du 1er Novembre, au lendemain des promesses de pacification des forces coloniales qui venaient de se vanter de neutraliser la résistance à Alger au terme d'une bataille particulièrement meurtrière. Si les structures du mouvement insurrectionnel ont été démantelées dans la capitale, obligeant certains de ses grands responsables à se soustraire à la répression pour la survie de la lutte, les Algériens, en descendant en masse dans la rue, ont signifié ostensiblement leur attachement à l'indépendance et apporté la caution populaire à la lutte pour l'indépendance. Et réaffirmé par là même que leurs représentants légitimes étaient le FLN et le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). C'était d'autant nécessaire de le général de Gaulle développait un discours belliciste et promettait une impasse au combat libérateur. L'Algérie doit rester dans le giron de la France, disait-il, alliant l'acte à la parole en lançant des opérations militaires d'envergure. Et des tentatives d'infiltration dans les rangs des maquisards. Pendant que l'action psychologique des SAS ciblait le moral des troupes et de la population. Le 11 décembre a été aussi un écho à l'accueil triomphal réservé au général de Gaulle à Alger par les colons. En dépit de la répression qui s'est abattue sur eux, les manifestants algériens, en investissant l'espace public avec l'emblème national et des slogans nationalistes, ont livré un double message. D'abord à l'intérieur du territoire pour apporter le soutien moral aux combattants et signifier aux colons que la situation n'évoluerait pas comme ils le souhaitaient. Ensuite à l'étranger, à l'endroit de la communauté internationale au moment où l'Assemblée générale de l'ONU s'apprêtait à délibérer sur la question algérienne le 19 décembre 1960. En cela, l'importance des événements du 11 décembre comme ceux du 8 mai 1945 est de premier plan pour la marche vers l'indépendance. Et d'un soutien incommensurable pour ceux qui se battent sur le terrain, dans les maquis et les centres urbains que la propagande coloniale s'employait à réduire à de simples brigands ou hors-la-loi. Sur les plans militaire et sécuritaire, les manifestations, de par leur ampleur et la clarté des mots d'ordre, ont démontré que les succès de l'armée coloniale n'étaient pas de grande portée. Et que la maîtrise de la situation était fragile. Pour toutes ces raisons, le 11 décembre 1960 n'est pas une date anodine dans le mouvement indépendantiste. C'était même un tournant dans les rapports du colonisateur à l'Algérie. Un catalyseur pour l'amorce des premiers contacts officieux avec les représentants de l'Algérie en lutte dans la perspective d'un accord politique qui a abouti deux années après à l'indépendance. Face à la détermination des Algériens pour en finir avec l'ordre colonial négateur de la dignité humaine et la résonance internationale qu'a prise la guerre de Libération nationale, De Gaulle devait alors se rendre à l'évidence : les populations algériennes veulent leur autodermination.Le 11 décembre aura couronné en cela tout un processus de résistance marqué par d'autres dates non moins charnières depuis le déclenchement du 1er Novembre, à l'instar du 20 août 1955 (offensive du Nord-Constantinois) et août 1956 (congrès de la Soummam qui dotera la révolution d'organes dirigeants et d'une plateforme doctrinale) dans la conduite du combat pour la libération du pays.
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Posté Le : 11/12/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : S C
Source : www.horizons-dz.com