Algérie

Un «invité» particulier



Les Journées du Théâtre régional d'Oran (Tro) Abdelkader-Alloula se sont ouvertes samedi à Alger avec Maâroud lel'houa, une comédie qui oppose le monde des idées à celui des choses.Pour leur premier soir, les Journées du TRO à Alger, prévues jusqu'au 6 décembre au Théâtre municipal d'Alger-Centre, ont proposé au public algérois une pièce aux traits existentiels, écrite et mise en scène, en 1991, par Mohamed Bakhti.Distinguée en 1994 à Alger, lors du Festival national du théâtre professionnel (Fntp) notamment, Maâroud lel'houa, n'ayant pas pris une ride depuis, a été remontée cette année par le Tro, sous la même direction artistique de son auteur pour se retrouver, à nouveau, sélectionnée en 2018 pour le 13e Fntp. D'une durée de 70 min, le spectacle raconte l'histoire d'un individu endormi en plein désert car gagné par la fatigue, qui se voit brutalement réveillé par un passant, apparemment sur le même chemin que lui. Dans la suspicion et la méfiance, l'échange entre les deux hommes révèlera la cupidité de l'un, acculé par sa réalité d'être démuni à devenir brigand, et la droiture démesurée de l'autre, idéaliste cherchant à remonter le temps et revivre certains évènements de l'Histoire pour lever les manquements commis à travers les siècles à l'endroit des valeurs de l'humanisme et libérer ainsi certains concepts, comme l'amour et la justice, des mains de leurs bourreaux.
Face à l'adversité des situations qu'ils vont vivre, les deux antagonistes, qui ont décidé de poursuivre le chemin ensemble, vont réagir différemment, dans une dualité intemporelle où le monde des idées va affronter celui des choses. Servi par Mustapha Miratia dans le rôle du brigand et Mohamed Dine El Hannani dans celui de l'idéaliste, le spectacle a également été porté par le professionnalisme de Abdelkader Belkaroui (assistant metteur en scène également), Houria Zaoueche, Leila Tilmatine, Youcef Gouasmi et Mohamed Amine Rara, qui ont occupé tous les espaces de la scène, se donnant la réplique dans un rythme ascendant et soutenu.
La scénographie, signée Hamza Djaballah, aidé par Youcef Abdi, a présenté un aspect figé, à travers trois longs pantalons (étoffes décoratives), aux couleurs jaunâtres, renvoyant à la chaleur du désert, frappés de dessins d'animaux et de signes, et un autre, fonctionnel, à travers des caissons à usages multiples (siège, bureau, estrade, escalier), peints et ornés de la même manière.
La bande son, faite sur un thème plaisant rendu au goumbri, qui a restitué le grand Sahara sur la cadence ternaire du tindi, a été conçue par le grand Zoubir Rahal, un «virtuose du violon», parmi les «anciens artistes au génie créatif confirmé» qu'il convient d'ailleurs de «réhabiliter», selon l'avis unanime des comédiens.
Faisant montre de toute l'étendue de leurs talents respectifs, les comédiens se sont surpassés et ont su porter la densité du texte, rendu accessible grâce à un jeu juste et une complicité professionnelle établie. Le public, bien que peu nombreux, s'est délecté et a eu du répondant avec le spectacle, applaudissant longtemps les comédiens, au salut final notamment. Auparavant, le directeur général de l'Office de la promotion culturelle et artistique (OPCA), Mohamed Amine Zemam, a prononcé l'allocution d'ouverture officielle de ces journées, accompagné par le comédien et membre de la commission artistique du Théâtre municipal d'Alger-Centre, Youcef Sehiri.
Les Journées du théâtre régional d'Oran (Tro) Abdelkader-Alloula à Alger se poursuivent jusqu'à dimanche avec El Ghelta, autre spectacle pour adultes de Moulay Meliani, sur un texte de Fahsi Said.


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