Dans ce documentaire de 52 minutes, le réalisateur a préféré montrer ce côté "humain et fraternel" que les médias et les plateaux télé n'évoquent pas vraiment, quand il est question de religion, notamment de chrétiens et de musulmans.Le cycle "cinéma" du programme de l'Institut français d'Alger (IFA) pour cette année 2019 s'est clôturé cette semaine par la projection du documentaire Chrétiens d'Algérie ? Sur les chemins de la rencontre en présence de son réalisateur Jean Dulon. Lui-même natif d'Algérie, comme il a tenu à le souligner dans son mot d'ouverture ? un mot empreint d'émotion et de reconnaissance envers "son" beau pays qui l'a vu naître ?, Jean Dulon a d'abord voulu dire pourquoi il a tenu à faire ce doc de 52 minutes et pourquoi précisément avoir choisi cette thématique.
Il expliquera que bien que les sujets sur l'Algérie soient multiples et variés, il a préféré, lui, montrer ce côté "humain et fraternel" que les médias et les plateaux télé ne montrent pas vraiment quand il est question de parler de religion, notamment de chrétiens et de musulmans.
En ces moments où le monde va mal, où l'islamophobie bat son plein, où le sujet du culte est tabou et surtout déclencheur de beaucoup de guerres ravageuses, parfois fratricides, ce travail documentaire vient lever le voile sur ce côté humain, spirituel, de cet être fraternel qui cherche à aller à la rencontre de l'Autre, à l'aider à faire son chemin et à se construire pour trouver sa voie loin de toute idéologie ou influence "religieuse".
Parler de "l'Eglise d'Algérie", de cette vie catholique qui rencontre la vie musulmane, c'est dire aussi cette liberté de pratiquer sa foi et son culte tout en respectant la foi et le culte de l'Autre. Et cela s'est vu lors de cette projection où le réalisateur est parti sur les traces de religieuses et religieux, de diverses nationalités, sur des milliers de kilomètres à travers les quatre diocèses que renferme l'Algérie.
Que ce soit à Alger, Annaba, Oran ou El-Goléa, ce sont des hommes et des femmes, des chrétiens et des musulmans qui se rencontrent, qui se côtoient, qui vivent ensemble dans l'amour de l'Autre et en toute tolérance à sa différence.
Que ce soit dans des lieux de culte (Basilique Notre-Dame, Maison Ben Smen, Alger ou Centre Pierre-Claverie, Oran), des bibliothèques ou des centres de formation (Bab El-Oued et Tizi Ouzou), c'est une Algérie, terre d'Islam et surtout "terre d'accueil" que le réalisateur a voulu montrer ; une terre où contrairement à ce qui est véhiculé, "les bâtisseurs de l'espérance", ces religieux qui ont choisi de vivre en Algérie ont toute leur place et toute la considération de celles et ceux qu'ils aident à surmonter leurs difficultés par une écoute, une formation ou tout simplement un geste amical et humain.
Lors du débat, cet aspect "humain et humanitaire" a bel et bien été perçu par l'assistance qui s'en est réjouie ? dont certains semblaient ignorer cette présence catholique si discrète ? mais une polémique existe et persiste encore lorsqu'il s'agit de parler de la "mission" du père Charles de Foucauld ou encore de la naissance et présence de saint Augustin d'Hippone (Annaba) que l'Histoire semble vouloir oublier ou du moins "délocaliser". D'autres séances de projection ici et là s'imposent pour lever ces nombreux voiles obscurs et susciter des débats ouverts et constructifs.
Sorti en 2017, produit par Grand Angle Productions (France) composé de toute une équipe technique 100% algérienne et soutenu par de nombreux organismes algériens qui en ont facilité les démarches, ce documentaire attend ardemment d'être diffusé plus largement en Algérie, comme l'a souligné le réalisateur Jean Dulon à la fin de la rencontre. Histoire de tracer d'autres chemins vers d'autres rencontres humaines.
Samira Bendris-Oulebsir
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Posté Le : 16/12/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Samira BENDRIS OULBSIR
Source : www.liberte-algerie.com