Algérie

Un hymne à la mémoire


Yennayer, le nouvel an amazigh, est là, et pour le célébrer comme il se doit, des festivités sont organisées dans plusieurs villes de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj. À Teffreg, une commune de la Petite Kabylie, à une trentaine de kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj, la célébration du nouvel an amazigh Yennayer 2971 rappelle, à la mémoire, une multitude de couleurs, de plats et de senteurs.Puisant ses sources dans une histoire pluriséculaire, cette célébration a su, par ses charges symboliques, tenir tête à l'érosion des temps et aux multiples agressions. Dans cette région de Kabylie, Yennayer restitue les airs d'un hymne fondateur à la gloire de l'homme, de la terre et de la mémoire d'une Algérie forte de son ancrage et riche de ses multiples affluents.
"La célébration du nouvel an amazigh, Yennayer, qui coïncide avec le 12 janvier de chaque année, équivaut à rendre justice à la mémoire et à la culture amazighes en tant qu'affluents essentiels, parmi d'autres composantes de l'identité nationale", souligne Dr Mokhtar Guissous, chercheur à l'université Bachir-Ibrahimi de Bordj Bou-Arréridj.
D'où vient ce Yennayer ' D'où tient-il toute cette résistance à l'érosion des temps ' Des questions posées à Dr Guissous, rencontré à Teffreg lors d'une séance de dégustation du concours de la meilleure huile d'olive de la région.
Sur ces origines, Dr Guissous fait observer que Yennayer renvoie en langue amazighe à la veille de Yennayer, marquant le début du calendrier agricole et non pas au calendrier grégorien.
"Cette date rendrait également l'écho de l'intronisation du roi amazigh Sheshonq 1er, fondateur de la XXIIe dynastie pharaonique (environ 1000 avant J.-C.) dans l'Egypte antique", a-t-il ajouté.
"Lorsqu'on parle de mémoire, on évoque nécessairement l'identité, les racines et les origines. Car celui qui n'a pas d'origine n'a pas d'avenir", soutient-il, en précisant que l'Unesco (Organisation des Nations unies pour l'éducation, les sciences et la culture) a classé le nouvel an amazigh au patrimoine immatériel universel, en tant que tradition ancestrale, aux côtés de l'alphabet tifinagh et du couscous. Une dizaine de jours avant le jour de l'an amazigh, les étals des marchés de la région se transforment et prennent de nouvelles couleurs et senteurs.
Ce qu'on appelle communément le "traz", ce mélange de fruits secs, figues sèches, de dattes et de confiseries, embaume l'air et attire grands et petits.
Même avec le coronavirus et le manque de moyens, les habitants font des sacrifices pour en acheter en perspective de la soirée très attendue par les gourmands. Notons que les festivités officielles vont se dérouler aujourd'hui dans la commune de Theniet Nasser où des inaugurations auront lieu.

Chabane BOUARISSA
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