Le dirigeant libyen Maâmar Kadhafi entame, à partir d?aujourd?hui, une visite officielle de cinq jours. Cette visite, dont Paris escompte de substantielles retombées financières, soulève une vague de violentes protestations de l?opposition parlementaire et des organisations des droits de l?homme qui jugent le colonel Kadhafi indésirable. Le parti socialiste français affirme, d?ores et déjà, refuser d?accueillir Kadhafi à l?assemblée nationale. Les autorités françaises ne semblent pour autant nullement embarrassées par ce vacarme politico-médiatique qui ne devrait pas compromettre la signature de gros contrats avec Tripoli. Le président français, Nicolas Sarkozy, s?est d?ailleurs montré pragmatique en ignorant ce vent de froid et en assurant à son invité, lors du tout récent sommet UE-Afrique à Lisbonne, qu?il était le bienvenu. Le colonel Kadhafi se rendra donc à Paris, selon une formule désormais consacrée, « en ami », c?est-à-dire en n?en pensant pas moins, car il est parfaitement informé du tir croisé dont il fait l?objet. Pour lui aussi, le ton est au réalisme et à la conclusion de contrats qui amélioreront l?image de la Libye au plan international. Et de fait, l?heure n?est plus où le colonel Kadhafi était voué aux gémonies tant par l?Europe que par l?Amérique prêtes désormais à commercer avec la Libye revenue en grâce depuis son renoncement à développer des armes de destruction massive, en 2003, et le dédommagement des victimes des deux attentats au-dessus du Niger, en 1989, de Lockerbie (Ecosse), en 1998, qui avaient frappé des avions civils. Depuis cette date, le colonel Kadhafi a reçu la quasi onction du président Bush lui-même et il est redevenu parfaitement fréquentable pour l?ensemble des capitales dans un contexte où le réalisme économique prime sur bien d?autres considérations. Le président français avait d?ailleurs souligné, à Lisbonne, qu?il encouragerait le « retour à la respectabilité internationale » du colonel Kadhafi. Le rapprochement entre Paris et Tripoli avait connu un temps fort, cet été, lors de l?épisode de la libération des infirmières bulgares détenues en Libye grâce à une médiation, longuement discutée en France, de Cécilia Sarkozy, la désormais ex-épouse de l?actuel président français. En contrepartie du geste du colonel Kadhafi, Paris aurait pris un certain nombre d?engagements en particulier dans le domaine du nucléaire civil. La France est désireuse de généraliser sa nouvelle génération de réacteurs et de vendre dans le monde ses nouvelles technologies. Mais l?un des objectifs de la visite du dirigeant libyen en France concernerait des contrats d?armement et plus particulièrement d?avions de chasse Rafale que l?industrie aéronautique française peine à placer dans le monde où elle est supplantée par son homologue américaine. La Libye serait l?un des rares pays, pour ne pas dire le seul, à acquérir ce matériel de combat qui fera son apparition dans une région qui n?est jamais démunie de plus vives priorités. A cet égard, la visite du colonel Kadhafi est déjà tout bénéfice pour la France et son industrie militaire. Même s?il est peu probable que le dirigeant libyen aura droit, en retour, à des bains de foule sur les Champs Elysées.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 10/12/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Amine Lotfi
Source : www.elwatan.com