Pour l'avant-dernière soirée des Rencontres cinématographiques de Béjaïa, les cinéphiles de la cinémathèque avaient rendez-vous avec l'?uvre de Rabah Ameur-Zaïmech, qui a convié son public dans un hors-temps aux lignes brouillées, sur fond de guerre civile, de violence, de paranoïa et de terreur.Terminal Sud, le dernier long métrage du cinéaste Rabah Ameur-Zaïmech, a été projeté mercredi soir à la 17e édition des Rencontres cinématographiques de Béjaïa, qui ont pris fin jeudi soir, après une semaine de projections, de débats et de master class animés par des cinéastes, critiques et artistes au profit des enfants et des adultes. Pour sa 6e réalisation, Zaïmech a convié le public bougiote dans un voyage en hors-temps et aux lignes brouillées, sur fond de guerre civile, de violence, de paranoïa et de terreur.
Son protagoniste, un docteur incarné par Ramzy Bédia, qui officie dans un hôpital public, se trouve malgré lui mêlé au conflit qui oppose autorités et terroriste, dans un lieu qui ne ressemble ni tout à fait à l'Algérie, où le contexte des années 1990 est pourtant fortement présent, ni tout à fait à la France, où l'on assiste à un défilé de matricules du pays d'outre-Méditerranée. Vrais ou faux barrages, la population fait face quotidiennement à des fouilles aussi violentes qu'insensées, dont le médecin aussi fera les frais.
Sous le serment d'Hippocrate, il se retrouve à soigner ? malgré lui ? un terroriste blessé, auquel il sauvera in extremis la vie. Mais de l'autre côté, on l'épie, on le menace et on le torture. Pris entre deux feux, le médecin réussit pourtant à trouver momentanément la solution.
L'alcool, la drogue et la réclusion deviennent son quotidien, qu'il justifie en ces termes : "Tant que ça n'interfère pas avec les malades ou notre relation, je ne vois pas où est le mal", lance-t-il à sa femme. La pression, les menaces de mort et les difficultés dans lesquelles il exerce son boulot finissent par faire de lui un être sans vision et sans volonté. Un "manque d'engagement" devenu motif de son renvoi par la direction de l'hôpital. Puis la descente aux enfers suite à son arrestation par la police. Ici le réalisateur montre crûment des scènes de torture, aussi physique que psychologique, dont le médecin n'en sort pas indemne?
L'?uvre de Zaïmech, dans laquelle on entre difficilement tant les éléments donnés à son entame restent difficiles à décoder, tente de raconter le basculement, d'une limite et d'une frontière à une autre, quand tout ce qui nous entoure devient absurde et inacceptable.
À l'image du médecin, qui finit par choisir son destin et rejette ce qu'on lui impose au départ, Terminal Sud est un clin d'?il à tous ces gens oppressés qui, face au destin, finissent par faire des choix, aussi répréhensibles puissent-ils être, afin de garder un semblant de dignité qu'on tente de leur ôter.
De notre envoyée spéciale à Béjaïa : Yasmine Azzouz
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Posté Le : 29/09/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Yasmine AZZOUZ
Source : www.liberte-algerie.com