Algérie

Un homme sur la paille Exproprié pour utilité publique



Un homme sur la paille                                    Exproprié pour utilité publique
Après plus de 35 ans d'attente, Sofiane B., un ex-habitant de la cité Bon marché, qui a frappé à toutes les portes pour un relogement, ou une indemnisation, sachant que son habitation a été expropriée pour l'édification du 2e pont de la voie ferrée, veut comme ultime recours rendre public son malheur, faisant de lui et de ses enfants des bourlingueurs.
«Ma famille logeait dans une vieille maison traditionnelle, située à proximité du pont et de la voie de chemin de fer, dans la cité Tlidjène (quartier dit arabe). L'élargissement du pont et le dédoublement de la voie ferrée exigeaient la démolition de notre maison, en même temps que la dizaine de constructions mitoyennes. Cette opération étant d'utilité publique, nos maisons devaient par conséquent être évacuées de leurs occupants et démolies pour permettre la réalisation du projet et assurer les reculs réglementaires exigés par le chemin de fer et le pont routier», souligne, en préambule notre interlocuteur, qui retient ses larmes.
« Je tiens à signaler qu'à l'époque, cette opération avait été réalisée en vertu de la législation des années 1970, portant Réserves Foncières stipulant qu'il revenait à l'APC d'assurer le relogement des familles expropriées, sans indemnisation pécuniaire. Malgré l'indisponibilité de logements pour le recasement des familles, l'urgence de l'opération avait déterminé les autorités (notamment le Ministre des Travaux Publics de l'époque en personne qui a tenu à nous tranquilliser sur notre sort) à nous expulser de nos habitations, à charge pour l'APC de nous reloger en urgence dès l'achèvement du premier programme de logements à Sétif », dira dubitatif Sofiane qui ajoute: «Fortes des promesses des autorités et de la certitude que les dossiers ' dûment remis au PAPC et au chef de daïra ' seront traités en premier, nous avons trouvé un abri pour nous recaser provisoirement en attendant l'attribution de logements.
Mon père ayant décédé, ma mère analphabète et moi en bas âge, faute de ressources et d'appuis, nous n'avons pu accéder à un logement au moment même où tous nos voisins avaient été recasés». Notre interlocuteur expliquera que les innombrables dossiers et plaintes déposées auprès de toutes les autorités ainsi que les nombreuses démarches auprès de toutes les autorités qui se sont succédées depuis sont restés vains. «Après de longues années de tentatives, demeurées sans effet, je me suis résigné à constituer un énième dossier de demande de logement que j'ai déposé le 18/02/2001 et dûment fait enregistrer à l'APC, dont les services ont effectivement confirmé la précarité de ma situation. Cependant et depuis cette date, aucune mesure concrète n'a été prise pour régler la situation précaire dans laquelle je me trouve avec ma famille », tonne l'exproprié qui affirme que: «depuis l'âge de 14 ans à ce jour où je me trouve père de deux enfants, aucune autorité n'a prêté attention à mes sollicitations.
A croire que mes appels de détresse sont inaudibles ou que les responsables sont insensibles ou encore que je ne suis pas citoyen à part entière dans mon pays. Je ne puis décemment voir ma situation s'éterniser aux dépens de la santé de mes enfants que je loge actuellement dans une « carcasse » de maison sous louée». Sofiane déclare profiter de l'opportunité pour interpeller le wali de bien vouloir faire instruire son dossier de manière à lui faire bénéficier en priorité d'un logement social auquel il peut réglementairement prétendre au regard de ses modestes revenus d'artisan mécanicien. «Les références de mon dossier peuvent aisément vous permettre de confirmer l'ancienneté de ma demande ainsi que les conditions sociales de ma famille», conclut-il.


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