Mohamed Salah
Mentouri est décédé hier matin des suites d'une crise cardiaque à l'âge de 70
ans, a-t-on appris auprès de son entourage familial. Il n'exerçait plus de
fonction officielle depuis le printemps 2005, après sa démission de la
présidence du Conseil économique et social (CNES).
Ce grand commis de l'Etat avait la réputation
d'un homme droit et intègre. Il avait été sollicité, à plusieurs reprises, pour
de hautes responsabilités et avait failli être candidat à l'élection
présidentielle.
Ce Constantinois est issu d'une famille
nationaliste. Son frère Mahmoud est un chahid. L'aîné, Bachir Mentouri, était
membre de l'ALN en tant que médecin et il fut, entre autres, recteur de
l'université d'Alger après l'indépendance. Né en 1940 à Hamma (Constantine), le
défunt a été durant la guerre de Libération nationale membre de l'OC FLN à
Constantine puis en Tunisie et membre de l'Union générale des étudiants
musulmans d'Algérie (UGEMA) de 1960 à 1962. Mohamed Salah Mentouri a été élève
du lycée d'Aumale de Constantine. Comme quelques centaines de jeunes lycéens à
l'époque, le Gouvernement provisoire de la république algérienne (GPRA)
l'enverra, avec une bourse, étudier à l'étranger. Il était diplômé de l'Ecole
des hautes études commerciales (HEC), licencié en droit et titulaire d'un DES
de sciences économiques.
Après
l'indépendance, il aborde sa vie active par un emploi à la Banque d'Algérie
avant de rejoindre la SN Repal, une société pétrolière algéro-française. Tout en
y travaillant, il y active au syndicat UGTA. Il participe à une grève, ce qui
lui vaudra d'être licencié sur ordre du ministre de l'Energie, indique
d'anciens syndicalistes. En 1969, il rejoint le ministère du Travail avant
d'être désigné directeur général de la Sécurité sociale (CASORAL - 1970-1980)
et participe à l'élaboration des projets de textes ayant abouti aux lois
sociales de 1983. Durant son long mandat à la tête de la CASORAL, le système de
la médecine gratuite et les investissements y afférents sont déployés.
Mondialiste en
1986
Il est par la
suite nommé secrétaire général du ministère de la Formation professionnelle
(mars 1982-janvier 1984) pour devenir ensuite vice-ministre chargé des Sports
puis vice-ministre chargé du Tourisme. Son passage au vice-ministère chargé des
Sports sera marqué par la deuxième qualification de l'équipe nationale de
football au Mondial de Mexico en 1986. En 1989, il est le premier président élu
du Comité olympique. Le défunt est nommé, en 1991, ministre du Travail et des
Affaires sociales puis ministre de la Santé et des Affaires sociales.
Admirateur de « Si Tayeb El Watani », Mohamed Boudiaf, à son arrivée, il
démissionne de ses fonctions gouvernementales. Il s'ensuit une « traversée du
désert » alors que des cercles le donnaient comme chef du premier gouvernement
de Mohamed Boudiaf. Il n'en fut rien. Mohamed Salah Mentouri réapparaît en
1996, sur sollicitation de ses proches dont Abdelhak Benhamouda, alors patron
de l'UGTA. Il est alors élu en décembre 1996 président du Conseil national
économique et social (CNES). En 1999, des membres du mouvement «CCDR» animé par
Abdelhak Brerhi l'approchent pour lui proposer d'être candidat à l'élection
présidentielle après la démission surprise de Liamine Zeroual. Il décline la
proposition. En 2001, il est élu président de l'Association internationale des
conseils économiques et sociaux (AICESIS).
Le CNES et lui
C'est à la tête
du CNES, avec conviction et un sens élevé de l'Etat, qu'il s'était énormément
investi. Le CNES devient une référence sérieuse caractérisée par des travaux
d'analyse élaborés et une remarquable autonomie de réflexion. Les rapports de
conjoncture de cette institution étaient attendus avec impatience et intérêt.
En décembre 2004,
à l'ouverture de la 25ème session du CNES, Mohamed Salah Mentouri soulignait:
«Aujourd'hui, comme en panne de solutions, le pays peine à former un projet
économique et social consensuel et mobilisateur. Il encourt ainsi le risque de
renouer avec l'indécision et la prédominance du court terme dans lesquelles il
s'est longtemps complu». Quelques mois après, au printemps 2005, il
démissionnait du CNES, surprenant tout le monde. On dit aujourd'hui que la
tonalité et le fond des travaux de l'institution qu'il présidait « déplaisaient
en haut lieu » et « gênaient ». Il a préféré partir la tête haute.
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Posté Le : 06/09/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Oualid Ammar
Source : www.lequotidien-oran.com