«Un homme, ça ne pleure pas»

Bonne nouvelle, Faïza Guène a retrouvé sa verve. Son dernier livre Un homme, ça ne pleure pas se lit d'un trait.De l'humour, de l'ironie, des situations absurdes, des phrases-chocs, des réparties saillantes et surtout une histoire poignante. Du grand cinéma, de la littérature jouissive. L'auteure de Kiffe kiffe, demain est une fine observatrice. Ses descriptions sont diaboliques de précision, une caméra embarquée. Son regard, non dénué d'amour, s'inscrit dans la contemporanéité. Ses personnages défilent sous nos yeux avec un air de déjà-vu, on les a fréquentés. Ils ont évolué avec ou à côté de nous. Faïza Guène restitue une France méconnue, celle des chibanis, de leurs descendants, du déchirement du «je» et du «nous».Avec des mots simples, elle laisse éclater au grand jour toute la complexité d'une société enfermée dans un plus grand ensemble. Chacun se débat avec ses propres armes. Dedans-dehors, dehors-dedans, rien n'est simple. Ecrire son destin pour ne pas avoir à le subir. Et le cousin du bled qui ne veut pas finir comme une mouche noyée dans une tasse de café. Et des travestis, et des danseurs de raï, et des s'urs que tout oppose, et l'enseignement-refuge? On dirait un film de Nadir Moknèche. Un homme, ça ne pleure pas, ça se lit au plus vite.