Un homme au c'ur de l'Histoire

On a beaucoup évoqué ces jours-ci l'ancien président de la République, Chadli Bendjedid, dont la publication des mémoires était attendue. C'est, en fin de compte, son décès qu'on vient d'annoncer. L'homme a eu, depuis sa naissance en 1929 dans une commune de l'extrême est du pays, un parcours qui s'est confondu avec l'histoire récente du pays. C'est un moudjahid qui avait pris les armes pour libérer son pays. Il rejoint l'ALN en 1955. Il fut responsable de la zone 1 de la base de l'est. Chadli Bendjedid est promu au grade de colonel en 1969. Il sera notamment le chef de la 5e puis de la 2e région militaire durant les années 60 et 70. Il sera membre du Conseil de la révolution le 19 juin 1965, et à ce titre, il sera impliqué dans la prise de décision et dans les événements qui marquèrent cette époque. L'homme arrive contre au sommet de l'Etat en 1979. L'histoire retiendra qu'il fut choisi pour la magistrature suprême en sa qualité de « plus ancien dans le plus haut grade ». Il succédera à Boumediene en février 1979 et tiendra les rênes du pays, en sa qualité de président, de ministre de la Défense et de SG du FLN jusqu'en janvier 1992. La deuxième phase de son règne se déroule dans un contexte plus difficile. Le pays, du fait de l'effondrement des prix du pétrole à partir de 1986, connaît une crise économique. Des manifestations contre la dégradation des conditions de vie eurent lieu notamment à Alger et à Constantine. Il procédera à « l'enrichissement » de la charte nationale, permit une relative ouverture dans la presse et la création de la Ligue des droits de l'homme en 1987. Chadli laisse l'image d'un homme qui, durant les premières années de sa gestion, tentera d'emprunter une voie semblable à l'infitah en Egypte en réduisant la dimension du secteur public et en laissant une plus grande place au privé. Il se rapprocher aussi de l'Occident en effectuant des voyages en France et aux Etats-Unis. C'est à l'époque de Chadli que les Algériens purent voyager librement, découvrirent la société de consommation à travers le programme anti-pénurie, la construction de Ryadh El Feth... Chadli aura été surtout l'homme qui a accompagné les premiers pas de l'expérience du multipartisme en Algérie. Au lendemain des événements d'Octobre 88, il avait ouvert la voie au multipartisme. Il démissionnera en direct à la télévision en janvier 1992 alors que le pays vivait en pleine tourmente aux lendemain des élections législatives avortées de décembre 1991. Retiré de la vie politique, hormis quelques apparitions lors des cérémonies officielles du 1er novembre et au cours d'un colloque sur l'histoire, il évitera soigneusement de se prononcer sur la vie politique. Il s'est sans doute donné la liberté de se confier dans ses mémoires devenus posthumes.