Un hommage au photographe Nasser Medjkane

Une nouvelle galerie d'art à Alger et cette fois double bonne nouvelle, puisqu'elle est située dans un quartier populaire, dans la cité Diar-el-Mahçoul à El-Madania (ex-Clos-Salembier), construite en 1954 par l'architecte français Fernand Pouillon.Le nom Taswir Gallery du nouvel espace artistique et le profil de sa fondatrice Ager Oueslati laissent deviner que l'art de la photographie aura une place de choix dans ce nouvel espace d'expression artistique. D'ailleurs, pour son exposition inaugurale, un hommage sera rendu au défunt photographe Nasser Medjkane, décédé le 1er janvier 2020, à l'âge de 64 ans, et enterré le jour suivant au cimetière d'El-Madania.
«Que la galerie soit située dans un quartier populaire est une manière de rendre la culture accessible. C'est un quartier exceptionnel de par son architecture mais aussi de par les gens qui l'habitent. On se sent dans un village où les gens vivent en communauté et se connaissent tous. C'était une belle coïncidence aussi pour moi d'apprendre que Nasser avait grandi dans le quartier de Salembier», fait remarquer Ager Oueslati.
«Le travail photographique de Nasser Medjkane était d'une grande qualité humaine et professionnelle. Il abordait ses sujets avec beaucoup de pudeur et il parvenait à les élever même dans les situations les plus critiques. Il était aussi très à l'écoute des jeunes générations. Il les encourageait et partageait avec elles son savoir. Cet hommage est à la fois pour honorer son travail mais aussi pour le faire connaître auprès des jeunes générations», précise la galeriste.
Nasser Medjkane a également touché à l'art cinématographique.
En tant que directeur photos, et encouragé par Tariq Teguia, qui est allé le chercher pour assurer la photographie de son premier long métrage Roma wa la n'touma (2006), il devient chef opérateur et se lance dans une seconde carrière consacrée au cinéma. Il sera ainsi le directeur de la photographie de plusieurs films notamment Gabla (Inland) et Révolution Zendj de Tariq Teguia, Loubia hamra (Haricots rouges) de Narimane Mari, Fragments de rêves de Bahïa Bencheikh El-Fegoun ou Nar (Le Feu) de Meriem Achour-Bouakkaz.
Pour l'exposition inaugurale, le public découvrira le travail photographique de Nasser Medjkane aux côtés de celui de jeunes photographes. D'ailleurs, un appel à participation a été lancé et sera clôturé le 15 mai. Les candidats devront envoyer une série de photographies à travers lesquelles ils expriment leurs visions de la société algérienne. Les candidats doivent envoyer leur portfolio avec une sélection d'une vingtaine de photographies, accompagnées d'un descriptif et de la biographie du photographe.
«L'appel à portfolio s'adresse aux photographes professionnels et amateurs sur tout le territoire national. Six candidats seront pris pour exposer leurs photos pendant plus d'un mois à la galerie», précise encore Ager Oueslati. La thématique de cette exposition inaugurale est «Un regard, une mémoire, et une intimité».
«Les photographies des candidats doivent ressortir la vision qu'ils portent sur la société. La notion de mémoire se manifeste dans l'instant qu'ils immortalisent et, par intimité, ils expriment la relation qu'ils entretiennent avec leur sujet», souligne Ager Oueslati.
Un jury composé de professionnels de la photographie et du cinéma départagera les candidats.
Taswir Gallery, le nouvel espace d'art fondé donc par la journaliste, photographe et réalisatrice Ager Oueslati, aspire à devenir un tremplin pour l'art, en mettant en lumière des artistes algériens et africains. Il sera dédié à l'art et principalement à l'image documentaire, cinématographique, fixe ou animée, capturée ou dessinée. La galerie algéroise accueillera régulièrement des expositions thématiques. Cet espace artistique d'art sera amené à être développé à l'avenir. Il accueillera, notamment, des formations et des artistes en résidence.
Kader B.