Algérie

Un haschich hybride envahit l'Algérie



La Gendarmerie nationale alerte sur les dangers du nouveau haschich marocain, assimilé aux drogues dures (cocaïne et héroïne). Introduit en Algérie en quantités de plus en plus importantes, ce haschich hybride qui compte un pouvoir addictogène très élevé, insiste le sous-directeur chargé de la toxicologie à l'Institut national de criminalistique et de criminologie (INCC) de la Gendarmerie nationale, est beaucoup plus dangereux que le haschich «classique».Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Des quantités «astronomiques» de résine de cannabis (haschich) ont été saisies en Algérie durant les dix dernières années. Provenant du Maroc, ces quantités ont été estimées à plus de mille tonnes.
Selon le sous-directeur chargé de la toxicologie à l'Institut national de criminalistique et de criminologie (INCC) de la Gendarmerie nationale, le lieutenant-colonel Yacine Boumrah, une évolution ascendante des quantités saisies de résine de cannabis a été constatée entre 2010 et 2013, avec un pic enregistré en 2013. Cette tendance a été suivie d'une baisse entre 2013 et 2018, avant de renouer avec la hausse entre 2019 et 2020.
«Nous avons constaté une seconde fois, une évolution ascendante durant les deux dernières années, pour atteindre plus de 77 tonnes de résine de cannabis saisies en 2020», notait-il hier mardi, sur les ondes de la Radio nationale Chaîne 3.
Se référant aux rapports de l'Office des Nations-Unies contre les drogues et le crime (ONUDC), le lieutenant-colonel Boumrah précise qu'en 2005, la production de haschich du Maroc a atteint 1 066 tonnes. «Le Maroc a toujours été un pays de production industrielle de cannabis.
Avec des quantités aussi énormes, sa production est loin d'être une production de détail», dit-il. Il fait, d'ailleurs, remarquer que la culture de cannabis au Maroc a connu beaucoup de transformations à partir de 2010, où des variétés hybrides et à haut rendement ont été massivement introduites. Une démarche qui, explique-t-il, a permis justement d'augmenter la production et, surtout, d'augmenter la puissance du haschich.
Le nouveau haschich marocain ou haschich hybride compte, aujourd'hui, une teneur en principe actif tétrahydrocannabinol (THC) beaucoup plus élevée que celle du haschich traditionnel du Maroc. «Le haschich marocain avait, en 2010, une faible dose du principe actif THC qui avoisinait 1% , alors qu'en 2020, ce pourcentage a atteint plus de 20%.
L'Algérie a enregistré un record lors d'une saisie de résine de cannabis en 2020, avec un taux de THC de près de 50% contre un record de 39% en France. Ça donne une idée sur le haschich qui circule actuellement en Algérie. C'est énorme !», déplore-t-il.
L'invité de l'émission alerte ainsi sur le danger de la résine de cannabis «moderne» dont le pouvoir addictogène est très important.
«La dépendance à ce nouveau haschich est plus importante que celle du haschich classique. Il faut être vigilant, car le haschich hybride n'est pas destiné à être une drogue douce. Il est facilement assimilé aux drogues dures, à savoir la cocaïne et l'héroïne», fait-il savoir.
Plus de 50% du haschich saisi est hybride
Le sous-directeur chargé de la toxicologie à l'Institut national de criminalistique et de criminologie (INCC) assure, en outre, que la lutte contre le trafic de cannabis est continuelle. Il cite, à cet effet, le renforcement de cette lutte à nos frontières, contre l'acheminement du haschich marocain vers notre territoire.
«Tous les moyens techniques et scientifiques ont été mis à la disposition des unités de l'Armée nationale populaire et des différents services de sécurité : la Gendarmerie nationale, la police nationale et les Douanes algériennes, pour lutter efficacement et sans merci contre les bandes spécialisées dans l'acheminement de ces produits toxiques vers notre territoire, mais aussi de sa distribution à petite et à moyenne échelle dans notre pays», précise-t-il.
Il reconnaît, toutefois, que l'Algérie qui demeure un pays de transit de la résine de cannabis est aujourd'hui, incontestablement, un pays de consommation.
La preuve : toutes les wilayas du pays ont enregistré des saisies de ce type de haschich, alors qu'en 2018, seules les wilayas frontalières étaient concernées. Pis encore, l'étude menée par la Gendarmerie nationale révèle que le haschich puissant a fait son apparition en Algérie en 2012.
Il représentait, à cette époque, 1% de l'ensemble des saisies opérées au niveau national , avant que ce taux n'évolue pour atteindre 6% en 2016, 7% en 2018, et plus de 50% en 2019 et 2020.
«Actuellement, plus de la moitié du haschich saisi concerne ce haschich puissant et dangereux», conclut-il.
Ry. N.


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