Algérie

Un grand ami de l'Algérie s'en va



Ami de l'Algérie et de ses présidents, Jean-Pierre Elkabbach a tiré sa révérence à l'âge de 86 ans. Avant de quitter ce monde, l'homme a écrit une biographie où son pays de naissance a pris une place importante. Il a été reçu par le président Tebboune qui a su apprécier l'homme, le militant, l'intellectuel et le grand journaliste que fut Jean-Pierre Elkabbach. Né à Oran en 1937, dans un contexte qui était caractérisé par la mainmise coloniale française contre les autochtones algériens qui souffraient le martyre. Il était de ceux qui ont vécu cette période dans la douleur et le déchirement. Il a vécu une adolescence marquée par les stigmates d'un ordre colonial où l'injustice et l'exploitation éhontée faisaient partie intégrante du quotidien des Algériens réduits à un Code de l'indigénat des plus ségrégationnistes et racistes.Cette scène macabre est restée gravée dans la mémoire de cet adolescent qui est devenu adulte. D'ailleurs, il n'aimait pas qu'on le traite de pied-noir, à cause des clichés et des images d'Epinal qui se propageaient à propos de ceux qui étaient qualifiés de pieds-noirs en Algérie. À ce propos, Jean-Pierre Elkabbach a souvent réagi d'une manière peu diplomatique à l'adresse de ceux qui lui rappellent la période de «l'Algérie française» chargée du qualificatif de pied-noir en soulignant que «Je n'ai jamais apprécié la dénomination de pied-noir. Je la trouve péjorative, même si j'ai toujours l'Algérie dans la peau. Les pieds-noirs n'étaient pas de riches colons, ceux-là ont vite placé leur argent dans les banques suisses. La majorité des pieds-noirs avait un niveau de vie inférieur de 20% à ceux de la métropole. À Alger, à Constantine, à Oran, ma ville natale, vivaient des Français de conditions modestes, moi parmi eux», lançait-il. L'attitude de Jean-Pierre Elkabbach se voulait surtout comme une manière de rompre avec les archétypes qui dépossédaient aux gens leur identité collective partagée par l'ensemble des communautés qui constituaient l'Algérie de cette époque.
Jean-Pierre Elkabbach a toujours fait en sorte de s'identifier à l'Algérie au fort de la période de la guerre de libération pour l'indépendance de l'Algérie. Son amour envers l'Algérie l'a toujours confondu avec sa naissance et son appartenance à ce pays qui faisait palpiter tout le temps son coeur plein de nostalgie et de moments forts en souvenirs d'enfance et de la période juvénile de sa vie. Sa fidélité à l'Algérie, il l'a toujours exprimée devant ceux qui l'interrogeaient sur son pays et sa ville natale à la fois. Dans ce sens, il n'a jamais caché son amour envers l'Algérie et sa ville natale, Oran. Il a souligné dans ce sens que «Je suis resté toujours fidèle à l'Algérie et à Oran, ma ville natale, qui m'a fait «citoyen d'honneur» l'an dernier. Ce fut un choc et une récompense! Je viens deux à trois fois par an, je retourne sur la tombe de mon père, au lycée Pasteur, sur la place d'Armes... Pas un jour ne se passe sans que je pense à Oran, sans que les images de la ville ne défilent dans ma tête. Il existe un lien physique et tendre. C'est là que, dans l'adversité parfois, s'est forgée une partie de mon caractère», disait-il à ceux qui lui posaient ce genre de questions.
Jean-Pierre Elkabbach n'a jamais caché ses relations avec les personnalités historiques de la révolution. Cette relation lui a causé beaucoup de démêlés de la part de l'administration coloniale française. Mais son introduction dans le milieu des révolutionnaires algériens était d'un apport extraordinaire pour sa carrière de journaliste. Jean-Pierre Elkabbach est devenu un célèbre journaliste. Cette célébrité avait permis à Jean-Pierre Elkabbach de tisser des relations très approfondies avec l'Algérie et ses responsables politiques de haut rang. Son implication dans l'ambiance de l'époque, une ambiance marquée par la guerre de Libération nationale n'a jamais quitté son imaginaire, il a toujours rappelé cette période à ses collègues et aux jeunes journalistes en précisant que «Des souvenirs, j'en ai tellement! Du soulèvement de la Casbah au putsch des généraux en avril 1961! De la place du Gouvernement, je me suis faufilé à la Radio algérienne pour les écouter. Les paras sont venus m'arrêter à l'hôtel, avec d'autres amis algériens, et ils nous ont jetés dans les caves de la Radio. Ils ont fini par nous chasser en déchirant nos papiers.» Jean-Pierre Elkabbach a toujours exprimé une sympathie et une solidarité à l'égard de l'Algérie dans les périodes les plus sombres de sa vie politique. L'histoire retiendra que ce fils d'Oran qui est devenu le roi des interviews, ne s'est jamais permis un mot déplacé ni une attaque nuisible à l'image de l'Algérie. Il est resté toujours l'homme qui chérissait à sa manière noble son pays natal et sa ville qui ont bercé son enfance...


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