Algérie

Un grand acteur est né


Il ne restera pas inconnu très longtemps. « Eblouissant, stupéfiant, magnifique », la presse a été en panne d'adjectifs pour le jeune acteur. A Cannes, il n'est pas passé loin du prix d'interprétation. Il ne reste à Tahar Rahim qu'à confirmer à son prochain essai, car dans Un prophète, il frise l'excellence, pour reprendre l'expression éculée, il a crevé l'écran. Né le 4 juillet 1981 à Belfort où il a grandi dans une famille nombreuse d'origine algérienne, il a passé son baccalauréat avant de « perdre deux ans en fac de sport et de maths-informatique », selon sa propre expression. Pour son premier rôle, il a failli revenir avec la Palme de la Croisette. Il est presque content d'avoir raté le prix d'interprétation. « Il aurait été une enclume de plus dans la hotte ! Et puis, quand je regarde l'affiche, je vois : Tahar Rahim pour la première fois à l'écran. Avec le prix, je me dirais : « Tahar Rahim, pour la dernière fois à l'écran' » « Je ne veux pas être l'acteur d'un seul film », confie-t-il à la Tribune de Genève. A 28 ans, on le voit plus dans un rôle de romantique que d'un paumé dans une prison. « Malik ne correspond pas au stéréotype du dur à cuire bourré de testostérone. C'est le portrait d'un opportuniste qui, dans une grande partie du film, est plus « agi » qu'agissant, et on va assister à cette prise de conscience progressive, pas malgré lui mais presque », remarque Jacques Audiard. C'est qu'on a du mal à croire qu'il a 28 ans, plutôt dix de moins. Pour être tout à fait honnête, on le voit plus comme jeune étudiant, vaguement bohème, artiste.Barbe de 3 jours, soigneusement négligée, regard franc, il nous rappelle Romain Duris à ses débuts. Sa rencontre avec le cinéaste Jacques Audiard est assez anecdotique. Il avait été repéré par l'auteur de De battre, mon c'ur s'est arrêté dans la série La commune, diffusée sur Canal+ fin 2007. En visite sur le plateau, le cinéaste a pris avec lui en voiture le jeune acteur qui a fini plus tôt son travail. Deux mois plus tard, il le contacte. Du cinéma français, Tahar n'était pas fan. « A 14 ans, je bouffais de la pellicule trois ou quatre fois par semaine. A l'époque, en 1995, je me voyais en star américaine. Le cinéma français me paraissait difficile d'accès. Il ne me faisait pas fantasmer, ses acteurs ne me servaient pas de modèles. Je m'y suis intéressé quand je suis passé de la vision de films à leur lecture. » Car il a failli faire un tout autre métier. Changement de cap en 2002, où Tahar, qui rêvait d'être acteur depuis l'adolescence, s'inscrit en cinéma à l'université de Montpellier. Sa licence en poche trois ans plus tard, il s'installe à Paris, prend des cours de comédie et joue dans un « documentaire-fiction » inspiré de sa propre vie : Tahar l'étudiant réalisé par Cyril Mennegun, diffusé sur France 5. « Nous voulions dénoncer la précarité étudiante. On a réuni en 52 minutes des choses que j'ai pu vivre et que beaucoup d'étudiants vivent : la difficulté à trouver du boulot, le racisme, le manque d'argent ». Son avenir ' Il s'annonce rose. Il a reçu plusieurs propositions, il aurait accepté le premier rôle du prochain film d'Ismaël Ferroukhi, lauréat de la Mostra de Venise en 2004. Plusieurs autres films seraient en chantier. Un grand acteur est né.
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