«Le président de la République tunisienne, Moncef Marzouki, a décidé de charger Hamadi Jebali de la formation du gouvernement», a annoncé un communiqué de la présidence tunisienne. Actuel secrétaire général d’Ennahda, M. Jebali, 62 ans, a passé 15 ans dans les geôles du régime Ben Ali pour «appartenance à une organisation illégale et complot». Son nom avait été avancé pour le poste de chef de gouvernement dès le lendemain des élections du 23 octobre, remportées par Ennahda.
Le communiqué précise que le nouveau chef du gouvernement a un délai de 21 jours maximum pour soumettre son équipe au président de la République. Le gouvernement prendra ensuite ses fonctions après avoir obtenu la confiance de l’Assemblée constituante. Mais M. Jebali a assuré qu’il formera son équipe «le plus vite possible, afin qu’elle soit au service du peuple», selon des propos rapportés par l’agence TAP. La Tunisie, en proie à une grave crise économique et sociale, n’a pas de gouvernement de plein exercice depuis les élections du 23 octobre et un nouvel Exécutif est une urgence, selon les acteurs politiques, économiques et sociaux. Selon des sources politiques interrogées par l’AFP, la liste du gouvernement pourrait être transmise à M. Marzouki d’ici la fin de semaine et soumise à l’approbation de l’Assemblée constituante en début de semaine prochaine. Cette liste fait l’objet de tractations serrées depuis des semaines entre les trois partis majoritaires : Ennahda et ses partenaires de gauche : Congrès pour la République et Ettakatol.
La République des anciens taulards
Quoi qu’il en soit, la Tunisie vient ainsi de boucler les deux postes clés de sa nouvelle République post-Ben Ali. Une République d’ancien «taulards» menée par le duo Marzouki-Jebali qui aura à cœur de réconcilier les Tunisiens avec leur pays. La nomination de ces deux personnages emblématique de la lutte contre l’ex-maître de Carthage signe l’acte de décès de la régence des Ben Ali et Trabelsi. Ennahda, grand vainqueur des élections avec 89 députés, ne devrait pas en profiter pour montrer ses crocs face à ses partenaires au pouvoir, au risque de faire capoter le processus de refondation nationale. Plusieurs responsables du parti ont confirmé à l’AFP que les portefeuilles régaliens, à savoir l’Intérieur, la Justice et les Affaires étrangères devraient leur revenir.
Ali Larayedh, ancien prisonnier politique et membre du bureau exécutif d’Ennahda, est cité pour l’Intérieur, Nourredine Bhiri, actuel porte-parole du parti, pour la Justice, et Rafik Ben Abdessalem, gendre du dirigeant d’Ennahda, Rached Ghannouchi, pour les Affaires étrangères, précise la même source. Et d’ajouter qu’il y a d’autres ministères «sensibles», tels la Culture, bastion de la gauche, ou l’Enseignement. «Les discussions continuent entre les décideurs, il y a une lutte d’influence entre les trois partis. Il faut de la diplomatie et du tact, et aussi prendre la température dans les ministères, parce que les gens sont sur le qui-vive», précise une source d’Ettakatol, citée par l’AFP.
On dit également que ce parti, dont le chef Mustapha Ben Jaafar a été élu président de l’Assemblée constituante, pourrait hériter du portefeuille des Finances, du Tourisme et du Commerce, des Affaires sociales. Le Congrès pour la République, dirigé par Moncef Marzouki jusqu’à son élection lundi à la présidence tunisienne, pourrait se voir attribuer l’Education, la Jeunesse et les Sports, la Réforme administrative. C’est dire que les grandes manœuvres et les tractations ont déjà commencé en Tunisie pour trouver un savant dosage qui permettra au pays de se remettre au boulot.
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Posté Le : 15/12/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : AFP, Hassan Moali
Source : www.elwatan.com