Implantée dans une zone rurale, coincée entre deux grandes villes, El Khroub et Constantine, Aïn Nehas souffre d'un pesant enclavement qui la consigne au registre des cités oubliées, celles pour qui le développement garde le dos tourné.
Distante d'environ 7 km d'El Khroub, flanquée au bord d'une route secondaire menant à Ibn Badis, empruntée par des poids lourds pour contourner le dense trafic de la RN3, elle est constituée de quelque 200 logements évolutifs de type F2 d'une surface de 45 m2, auxquels sont venus se greffer anarchiquement de nombreux gourbis, donnant ainsi à l'endroit l'aspect d'un ghetto. Cette exiguïté a contraint les propriétaires à procéder à des transformations et à effectuer des travaux pour grignoter à l'horizontale, autant qu'à la verticale, le reste du lot qui leur a été attribué (120 m2), gagnant ainsi un peu plus d'espace. Cette configuration malheureuse esquisse, aujourd'hui, « le gribouillis » d'un chantier à ciel ouvert perpétuel et anarchique, accentué par l'absence avérée d'un contrôle des pouvoirs publics ; une démission, en somme, aux conséquences graves.Accompagnés par Mohamed-Rafik Benguedouar, président de l'association El Amel de Aïn Nehas, nous avons constaté le calvaire de ces familles. Ces dernières, ne bénéficiant pas du gaz, vivent tout au long de l'année, et surtout l'hiver, dans une humidité qui n'épargne ni leur santé, ni les murs, ni même les meubles. Les habitations sont construites à proximité d'un petit oued qui dégage une odeur pestilentielle. En été, des essaims de moustiques, des serpents et des rats envahissent les lieux et menacent la vie de ces citoyens de seconde zone. Désabusés par les innombrables promesses d'un lendemain meilleur, jamais tenues d'ailleurs par le maire d'El Khroub, les habitants, organisés en association, refusent ce statut de damnés qui les met face au dénuement le plus cruel. Ils se démènent seuls, et comme ils peuvent, pour régler « leurs » problèmes.Et ces derniers sont nombreux, notamment en ce qui concerne le transport, la sécurité, l'éclairage public, la cantine de l'école primaire, qui ne sert que des repas froids à ses 195 élèves, l'absence de pharmacie' la seule salle de soins ne possède pas d'ambulance. Quant aux distractions pour les jeunes du coin, rien, sinon un petit réduit transformé en café. A cela s'ajoute l'état déplorable des routes. A noter que l'accès à l'école se fait à travers une piste tortueuse et pleine de gadoue. Le camion qui jadis, même cahotant, livrait les bouteilles de gaz butane aux habitants, n'a plus montré le « bout du nez » à Aïn Nehas depuis presque une année. C'est dire que les hivers sont vraiment longs, pesants et des plus durs, pour plus de 200 familles, acculées à vivre dans des conditions pour le moins moyenâgeuses.Aïn Nehas n'est pas près de décoller ou de connaître un quelconque essor ; on lui a coupé les ailes et condamnée à vivoter dans une « basse-cour », face à une réalité amère et des discours truffés de fausses promesses.
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Posté Le : 16/03/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Djamel Belkadi
Source : www.elwatan.com