Algérie

Un geste qui honore l'Algérie



Un geste qui honore l'Algérie
Elle ne laisse pas des travailleurs égyptiens payer le prix du chaos délibérément installé, par certaines parties, en Libye.Lors de son discours du 1er septembre 1995, El Gueddafi exprimait toute sa colère contre les accords d'Oslo. Le colonel libyen était irrité par la signature, en mai 1994, des modalités d'application de ces accords par Arafat et Rabin, et par-dessus tout du découpage du territoire en «bande de Ghaza» d'une part, et en «zone de Ariha (Jéricho)» d'autre part. Les mots qu'il prononçait de la tribune érigée, face à la mer, à la Place verte de Tripoli, étaient durs, très durs et ils étaient adressés surtout à Arafat, auquel il reprochait d'avoir accepté un tel découpage. A un moment de son discours, continuant dans son élan colérique, il conclut, fou de rage: «Puisque vous avez désormais un Etat, il serait temps que les Palestiniens y rentrent!». A ce moment, il marqua une courte pause puis, sur un coup de tête, comme à l'accoutumée, il enchaîna: «les Palestiniens qui sont actuellement en Libye doivent donc tous partir».La chasse aux PalestiniensA vrai dire, non seulement nous ne pensions pas qu'El Gueddafi pensait ce qu'il disait, mais nous avions l'impression qu'il faisait plutôt son show habituel car les Palestiniens en Libye étaient assez nombreux et ils étaient dans tous les secteurs, du commerce à l'université et il n'était pas possible de renvoyer un aussi grand nombre, comme ça, sur un coup de tête. Il ne va tout de même pas se faire hara-kiri disions-nous. Nous en riions même. Mais nous eûmes tort car, une semaine plus tard, la chasse aux Palestiniens commença à travers le vaste territoire qu'est la Libye et seuls les enseignants avaient bénéficié d'un sursis jusqu'à juin, c'est-à-dire jusqu'aux vacances. Dans les salons de Tripoli à l'époque, les indiscrétions rapportaient alors qu'il avait fallu beaucoup insister pour qu'El Gueddafi acceptât d'accorder ce sursis aux enseignants, y compris ceux universitaires. Le renvoi massif de ces Palestiniens qui, au fond, n'étaient pour rien dans les accords signés par Arafat et Yitzhak Rabin, était horrible, monstrueux. On ne leur laissait même pas le temps de ramasser leurs restes et ils n'avaient même pas le temps de réaliser ce qui leur arrivait que, déjà, ils étaient dans les camions. C'était, rappelons-nous, juste quelques années après la guerre du Koweït. Or, après cette guerre ils étaient devenus non désirables au Koweït car Arafat avait soutenu Saddam Hussein. En quittant ce pays, beaucoup d'entre eux, laissant derrière eux biens et liens, étaient venus en Libye alors que d'autres étaient partis sous d'autres cieux en quête d'une quelconque stabilité en attendant que le problème palestinien et celui des réfugiés soient définitivement réglés, mais voilà que sous le coup de la colère, El Gueddafi venait de remuer la terre sous leurs pieds, encore une fois, annonçant pour eux un autre exil qui venait s'ajouter à tous les autres, à tant d'autres.Bien sûr, pour la consommation extérieure on évitait de parler d'une décision prise sur un coup de tête du «guide de la Révolution» et «la presse officielle présentait la chose autrement. El Jamahiriya, par exemple, affirmait à l'époque que «les autorités mènent des consultations afin de permettre à des milliers de Palestiniens résidant en Libye de se rendre dans la bande de Ghaza en passant par l'Egypte afin d'empêcher le complot de leur réimplantation».Par camions, par bus, mais aussi par bateaux, les pauvres Palestiniens auxquels il n'était reproché aucun crime, se trouvaient acheminés soit vers la frontière Est (frontière avec l'Egypte) soit vers la Palestine elle-même, mais bien entendu, ils n'arrivèrent jamais en Palestine car une partie d'entre eux «s'était retrouvée coincée dans des «camps de retour» installés à la frontière avec l'Egypte, qui leur avait refusé le passage» (1) alors que les autres, ceux ayant été jetés dans des bateaux, n'avaient pu débarquer nulle part, car aussi bien la Syrie, que le Liban, leur avaient refusé l'entrée sur leur territoire.Au tour des égyptiensA la frontière avec l'Egypte, ils étaient très nombreux et leur misère incroyable, avec d'un côté, les Libyens qui les chassaient et de l'autre, les Egyptiens qui leur avaient interdit l'entrée. Le calvaire dura longtemps, très longtemps même pour ces gens qui n'avaient rien fait et qui ne méritaient pas une telle misère. En juin, les indésirables étaient toujours là, entre deux frontières, et leurs rangs grossissaient avec l'arrivée des enseignants qui, après avoir enseigné aux enfants libyens toute l'année, étaient à leur tour chassés. Des tentes furent érigées pour subvenir aux besoins de ces exilés, mille fois victimes des coups de tête de certains gouvernants arabes car, au fond, Moubarak et les autres, en s'opposant fermement à l'entrée de ces innocents qui traînaient femmes, enfants et vieillards, n'étaient pas mieux que leur homologue de Tripoli. Tous des pharaons lorsqu'il s'agit de tirer dans les pattes des Palestiniens.Aujourd'hui, deux décennies plus tard, c'est à un autre exil forcé que nous assistons, celui des Egyptiens pris dans le piège de la guerre civile libyenne. Une partie d'entre eux a été évacuée sur Djerba pour prendre l'avion alors que les autres sont coincés à la frontière avec l'Algérie.Et si l'Algérie avait fait exactement ce qu'avait fait l'Egypte aux Palestiniens en 1995' Si, sous le même prétexte qu'elle n'a rien à avoir avec cela, elle avait empêché ces pauvres gens d'entrer chez nous pour échapper à une guerre qui n'est pas la leur et qui ne les regarde ni de près ni de loin' L'Algérie pouvait avancer l'argument sécuritaire et refuser d'ouvrir sa frontière et personne n'aurait rien à en redire. Mais que diraient de nous alors les familles de ces pauvres Egyptiens dont le seul tort est d'être au mauvais endroit, au mauvais moment' Que ressentiraient-ils donc à notre égard' Or, et alors que, pour des raisons sécuritaires, «Tunis refuse d'accueillir les non-Libyens, si ceux-ci ne peuvent pas prouver qu'ils quitteront immédiatement le territoire tunisien.» (2) L'Algérie, fidèle à ses principes et en accord avec ses hautes valeurs, n'a pas hésité à rouvrir sa frontière avec la Libye pour que «les villes de Djanet et Illizi accueillent ces Egyptiens, en attendant leur rapatriement en Egypte». (3)Ce qu'a fait l'Algérie dans ce cas est un geste qui honore notre pays, disons-le bien haut, car il est dirigé d'abord à ces travailleurs en quête d'un misérable bout de pain qui se sont retrouvés otages d'une guerre absurde qui n'est pas la leur et, ensuite, il est dirigé à tous ceux qui s'empressent de baisser le rideau au niveau du tracé des frontières dès que l'autre, le voisin, le frère ou l'ami éprouve quelques problèmes. L'Algérie n'aurait jamais laissé les Palestiniens poireauter, une année, dans un no man's land comme cela s'était produit ailleurs. Elle ne laisse pas des travailleurs égyptiens payer le prix du chaos délibérément installé par certaines parties, en Libye.L'Algérie, comme de coutume, répond présent lorsqu'on a besoin d'elle, c'est ce qui ressemble le plus à notre pays et c'est l'une des dernières choses qui continuent, malgré tout, à nous réchauffer le coeur et peut-être même à maintenir un bout d'espoir.A bien méditer par Moubarak et lesautres, même au fond d'une cellule, même bien calfeutrés dans un fauteuil dans un quelconque palais présidentiel.1- (http://www.info-palestine.net/article. php3'id_article=1095)2- (http://www.lexpressiondz.com/actualite/200398-l-algerie-a-sauve-des-egyptiens-du-chaos-libyen.html)3- (http://www.lexpressiondz.com/actualite/200398-l-algerie-a-sauve-des-egyptiens-du-chaos-libyen.html)




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)