Algérie

« Un géant qui se réveille » Mustapha Merzouk P-DG de Tonic Industrie



« Un géant qui se réveille » Mustapha Merzouk P-DG de Tonic Industrie
Dans cet entretien, Mustapha Merzouk, le P-DG de Tonic Industrie, revient sur la nouvelle orientation du groupe. Il met en relief les grandes lignes de la stratégie du complexe qui ambitionne de se repositionner sur l'échiquier économique national. Objectif : la reconquête de sa place de leader dans l'industrie du papier en Algérie. Il s'est exprimé, également, sur la situation socioprofessionnelle des travailleurs ainsi que le problème crucial de l'environnement, notamment les rejets des unités de production qui a fait couler beaucoup d'encre.
Vous avez été désigné à la tête de Tonic Industrie juste après sa reprise en 2011 par l'Etat suite à la faillite de Tonic Emballage. Comment s'est fait le passage d'une entreprise privée à une entreprise publique '
Il est clair que la gestion privé et publique sont différentes en ce sens que nous, en tant que direction générale, nous gérons un patrimoine public. Nous devons assurer une meilleure gestion des deniers publics conformément aux lois et aux règlements. La préoccupation essentielle est de remettre le complexe sur rails à travers le recouvrement des capacités de production, le maintien et le développement des emplois et la mise à niveau de l'outil de production. Tonic a connu pratiquement trois phases. La première consistait en l'apologie de l'investissement et en un développement tous azimuts pas assez réfléchi. La deuxième phase, c'est la gestion de la faillite mais aussi le souci de préserver l'outil de production et éviter son chapardage. La troisième phase est marquée par l'intervention salutaire de l'Etat qui a confié la gestion de ce complexe à SGP-Gepha qui devient maintenant Tonic industrie. Nous 'uvrons, également, à repositionner Tonic industrie par rapport à l'économie nationale et à la concurrence aussi bien nationale qu'internationale et, bien entendu, assurer le développement du groupe à travers l'élargissement de la gamme de production par des investissements. Ces actions vont se faire notamment par la réalisation d'une autre machine à carton compact pour satisfaire les besoins du pays. Comme il est question de remettre en place l'ensemble des processus de direction. Partant de là, nous sommes tenus par l'obligation de résultat. Il faut qu'on soit une entreprise tout à fait normale qui crée de la richesse au lieu de consommer seulement de ressources.
Le groupe public ambitionne aujourd'hui de se repositionner sur le marché marqué par une rude concurrence tant nationale qu'étrangère. Comment comptez-vous faire face à cette nouvelle donne ' Quelles sont vos axes prioritaires '
Tonic Industrie est un géant qui se réveille après une période d'hibernation due à une gestion chaotique de tonic emballage. Nous devons créer de la richesse. Il faut négocier notre insertion dans l'économie nationale. Il ne s'agit plus de se contenter de réaliser un chiffre d'affaires pour régler des salaires. Nous devons créer de la valeur ajoutée qui puisse nous permettre aussi bien de rémunérer l'ensemble des facteurs de la production que de dégager des dividendes au propriétaire qui est l'Etat qui a mis énormément d'argent dans cette entreprise. Nous devons créer un environnement réglementaire compétitif et aider l'entreprise à mieux se positionner par rapport à la concurrence. Pour sortir indemnes, nous comptons sur la qualité de nos ressources humaines qui constituent la véritable richesse de l'entreprise, la remise à niveau de notre potentiel technique de production en misant sur la qualité de notre production mais aussi et surtout faire de nos clients la préoccupation principale. Parce qu'en fait, le véritable patron de l'entreprise c'est son client. Là, nous sommes engagés dans la récupération de nos parts de marché. Et puis nous avons des atouts importants à faire valoir. D'abord notre professionnalisme et ensuite la qualité de notre ressource humaine quand bien même il faut encore former. Cela dit, depuis la reprise du groupe par l'Etat, nous avons augmenté la production. Si on compare les réalisations de 2010, 2011 et 2012, il y a une nette évolution. Il ne s'agit pas, maintenant, de produire uniquement pour produire. Il s'agit de produire des marchandises de qualité qui puissent s'écouler sur le marché.
Vous avez déclaré récemment que le groupe s'est engagé à ne pas enregistrer de pertes en 2013. Comment se présente aujourd'hui la situation financière de Tonic Industrie ' Et qu'en est-il de vos prévisions pour le prochain exercice '
Durant les exercices antérieurs, l'ex-Tonic emballage a enregistré des pertes qui ont provoqué d'ailleurs la faillite de l'entreprise. Ce qui fait que le gros des pertes que nous avons enregistré sur les années 2010, 2011 et une partie de l'année 2012 sont dus principalement aux problèmes d'amortissements. Mais en 2012, le déficit a été amoindri d'un milliard de dinars. En 2013, nous devons impérativement arriver à un équilibre de gestion. Raison pour laquelle nos objectifs pour cette année, qui font partie d'un business plan qui va jusqu'à l'horizon 2022, vont nous permettre déjà d'engranger les premiers résultats positifs. Nous projetons de doubler le chiffre d'affaires par rapport à celui de l'exercice passé. C'est largement à notre portée. Nous avons une charge de travail relativement importante, un carnet de commandes assez bon et une reprise de confiance au niveau de notre clientèle. C'est un travail d'Hercule qui se réalise à Tonic Industrie. Nous avons remis en service plus d'une cinquantaine d'équipements complètement à l'arrêt. Nous allons faire une opération de cession d'éléments d'actif car notre métier est de fabriquer du papier et non de faire de la logistique. Nous allons arriver d'ici la fin du premier semestre à avoir notre propre adduction en eau. Nous allons installer une ligne électrique spécialisée pour essayer d'éviter les microcoupures électriques qui nous occasionnent beaucoup de pertes dans la production et provoquent de sérieux dommages au niveau de nos équipements.
Tonic Industrie a connu début 2011 des mouvements de protestation. Les travailleurs ont réclamé plus d'équité dans la politique des salaires. Les choses ont-elles évolué depuis '
C'était l'un des premiers chantiers auxquels nous nous sommes attaqués. A notre arrivée, il n'y avait ni convention collective, ni règlement intérieur, ni équité dans les rémunérations. Nous avons trouvé 142 niveaux de salaires. A partir de là, il fallait régler tous ces problèmes et tout harmoniser. Ce qui a été fait fin 2012. Nous avons mis en place un règlement intérieur, une convention collective avant de ramener les 142 niveaux de salaires à seulement 24. Nous avons mis en 'uvre une grille de salaires professionnelle qui permettra, entre autres, la polyvalence et un plan de carrière pour les travailleurs. Nous avons aussi mis en place le comité de participation et une section syndicale. Les choses restent à parfaire en matière de gestion des ressources humaines. Nous allons mettre en place un dispositif de valorisation des compétences qui s'appuiera sur un système de stimulation, de prime de nuisance ainsi que la singularisation du personnel cadre.
Il y a le problème des rejets des eaux usées à la mer. Que prévoit le groupe pour réduire au maximum les nuisances causées à l'environnement '
C'est une pollution de visu. Ce n'est pas une pollution nocive comme on pourrait le croire. Néanmoins, il y a des normes nationales et internationales en matière de rejets. La pollution zéro n'existe pas. Nous sommes une industrie qui doit tendre à être propre et soucieuse des normes en la matière. C'est pour cela que nous avons engagé un investissement assez colossal de 600 millions de dinars pour réaliser en 2013 cette station de traitement des eaux qui a un double objectif. D'abord, la protection de l'environnement, et ensuite la réalisation d'économies en matière de récupération de fibre et de récupération d'eau, donc des limitations de consommation d'eau. Actuellement nous consommons pratiquement près de 36 mètres cubes pour une tonne produite et nous en rejetons presque autant. Avec cette station de traitement, nous consommerons entre 8 et 10 m3 la tonne produite et nous n'allons rejeter à la mer que pratiquement 3 à 4 m3. Nous sommes allés plus loin dans notre cahier des charges. Nos rejets seront aux normes exigées par l'Organisation mondiale de la santé. Nous allons engager également tout un dossier d'étude environnementale pour nous attaquer aux autres types de nuisances telles que la dangerosité au niveau de nos sites d'exploitation. Nous voulons être une entreprise citoyenne qui contribue largement à l'amélioration de l'environnement à travers la consommation de déchets de papier.


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