Algérie

Un G20 sous la menace d'une "réaction en chaîne" de la crise grecque Crise en zone euro



Les grandes puissances du G20 ont tenté, avant-hier, à Cannes d'afficher un front uni face à la crise de la dette et aux soubresauts grecs qui risquent de déclencher une "réaction en chaîne" pour l'économie mondiale, tout en exhortant l'Europe à résoudre ses problèmes. Les chefs d'Etat et de gouvernement des principaux pays riches et émergents, réunis jusqu'à, hier, sur la Côte d'Azur, ont au moins reçu deux bonnes nouvelles: d'abord de la Banque centrale européenne (BCE), qui a baissé ses taux et égayé des marchés déprimés; puis d'Athènes, où un gouvernement d'union nationale pourrait voir le jour. Face à la crise politique qui s'ajoute à la crise financière, l'opposition de droite grecque a appelé à la formation d'un gouvernement de transition pour "garantir" le plan de sauvetage, ce à quoi elle se refusait jusqu'à présent. La perspective d'un cabinet d'union nationale semblait donc se dessiner, même si le sort de Georges Papandréou n'était pas clair. Ce dernier a même évoqué l'hypothèse d'un abandon du référendum, "qui n'a jamais été une fin en soi". Ce nouveau coup de théâtre dans une tragédie grecque qui n'en finit plus de rebondir est venu alimenter les débats cannois, essentiellement concentrés sur la crise dans la zone euro. "L'aspect le plus important de notre tâche au cours des deux prochains jours sera de résoudre la crise financière ici en Europe", a déclaré le président américain Barack Obama peu avant le sommet, précisant attendre davantage de "détails" de la part des Européens. "C'est surtout à l'Europe de régler le problème de la dette européenne", avait prévenu dès mercredi soir le président chinois Hu Jintao, douchant les espoirs d'un coup de pouce immédiat de la deuxième puissance économique mondiale. La réunion sur la Croisette devait consacrer le retour de la confiance, grâce au plan de sortie de crise mis au point la semaine dernière par la zone euro et à la perspective d'une contribution des grands pays émergents pour arrêter le ralentissement de l'économie mondiale. Ce bel échafaudage s'est effondré lundi avec l'annonce surprise du référendum grec. Mais la pression internationale sur la Grèce, et la crise politique qui s'est accélérée de manière spectaculaire dans ce pays, semblent avoir fait bouger les lignes. Paris et Berlin ont lancé mercredi soir un ultimatum à Athènes, sommée de décider lors de son référendum si elle veut abandonner la monnaie commune ou pas. Une hypothèse longtemps taboue à laquelle certains responsables européens semblaient, avant-hier, presque résignés. L'Union monétaire peut "se passer" de la Grèce, a ainsi tranché le ministre français des Affaires européennes Jean Leonetti. Mais à Bruxelles, la Commission européenne a dramatisé les enjeux, prévenant qu'en l'état des traités, une sortie de la zone euro n'est pas possible "sans sortie de l'Union européenne" tout entière. Convoqué mercredi soir pour s'expliquer à Cannes, par le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel, Georges Papandréou a semblé tirer, avant-hier, les conclusions des conditions drastiques posées par les deux poids lourds de la zone euro. "L'enjeu pour la Grèce est de mettre en 'uvre" le plan européen décidé la semaine dernière, a-t-il reconnu, avant-hier après-midi. "La Grèce veut-elle rester ou non dans le zone euro'", s'était ainsi interrogé Nicolas Sarkozy en guise d'avertissement mercredi soir, promettant de ne pas "verser le moindre centime" à Athènes dans l'attente d'une réponse. De concert avec le FMI, l'UE a aussi coupé les vivres à la Grèce en suspendant à l'issue du référendum le versement d'un prêt de huit milliards d'euros dont elle a un besoin vital pour éviter la faillite. Athènes peut tenir sans argent frais jusqu'à début ou mi-décembre, selon les sources. Déboussolées depuis le début de la semaine, les places boursières européennes ont finalement monté en flèche, avant-hier, en début d'après-midi, pour terminer en forte hausse, essentiellement grâce à une baisse des taux de 0,25 point, à 1,25%, décidée par la Banque centrale européenne (BCE). Pour son baptême du feu, son nouveau président, l'Italien Mario Draghi, a pris cette décision surprise alors que la crise grecque risque d'entraîner "une réaction en chaîne" et affecter l'économie mondiale, selon les termes du Premier ministre japonais Yoshihiko Noda. L'Italie, troisième économie de la zone euro et principale cible des investisseurs en cas de propagation de l'incendie, était plus que jamais sous le feu des attaques des marchés. Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a tenté de rassurer en présentant à Cannes les nouvelles mesures anticrises adoptées in extremis mercredi soir. Les principales puissances émergentes du groupe des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) se sont-elles réunies dans la matinée pour accorder leurs violons avant le sommet et accentuer leur influence au G20. Pékin a ainsi prévenu que son aide à la zone euro dépendait justement de sa capacité à mettre en 'uvre son plan de sortie de crise. Le soutien chinois peut atteindre 100 milliards de dollars, a expliqué un haut responsable de la Banque centrale de Chine, Li Daokui, mais à condition d'avoir la preuve de l'efficacité du Fonds européen de stabilité financière (FESF), ce "pare-feu" censé prévenir la propagation de la crise de la dette à l'Italie et, au-delà, à toute l'économie mondiale.
Le G20 va accepter une possible augmentation des ressources du FMI
Le G20 va accepter, dans le communiqué final de son sommet de Cannes (France), une possible augmentation des ressources du Fonds monétaire international (FMI) par des pays volontaires, a déclaré, avant-hier, une source proche des négociations. Les Etats qui le souhaitent pourront, vers l'automne 2012, augmenter leur participation bilatérale aux ressources du FMI, a expliqué cette source en évoquant un passage de la déclaration finale des principaux pays riches et émergents. Les ressources du Fonds ont déjà été augmentées par un accord entériné il y a un an, via un doublement des contributions permanentes des Etats membres, les quotes-parts. Cet accord doit théoriquement entrer en vigueur dans un an, mais il faut qu'un nombre suffisant de Parlements nationaux le ratifient. En attendant, les Etats membres ont apporté au FMI des ressources temporaires par le biais de nouveaux accords d'emprunt. Il est prévu qu'ils retirent ces ressources temporaires lorsque l'augmentation de leur contribution permanente sera effective. Le G20 a donc décidé de permettre aux pays qui le désirent de maintenir ces ressources temporaires même après l'entrée en vigueur du doublement des quote-parts, selon la source. Par ailleurs, le communiqué final devrait aussi évoquer une nouvelle allocation de droits de tirages spéciaux (DTS), sorte d'actif de réserve international du FMI. Aucun chiffre n'est cité, mais cette source estime que la précédente allocation de DTS d'avril 2009, d'un montant de 250 milliards de dollars, était une référence raisonnable. Une allocation de DTS est une distribution de ces actifs, créés pour l'occasion, aux Etats membres du FMI, ce qui alimente leurs réserves de changes. Le ministre britannique des Finances Goerge Osborne a confirmé que les dirigeants du G20 discutaient d'une augmentation des ressources du FMI, notamment pour aider la zone euro engluée dans la crise. Il a dit à des journalistes que des pays comme la Chine étaient intéressés par une telle possibilité, promue par Londres, sans pour autant avancer de chiffres. La communauté internationale convient qu'il faut s'attaquer à la situation économique mondiale, et il y a un débat qui a commencé, mais n'est pas terminé, sur comment accroître les ressources du FMI, a-t-il expliqué. Je n'ai entendu personne s'opposer à la suggestion que nous augmentions les ressources des contributions individuelles du FMI, a souligné George Osborne. Par ailleurs, le FMI va obtenir, à l'issue du G20, la création de nouvelles lignes de crédit de précaution et de liquidités, selon la source proche des négociations. Il s'agit de prêts pour permettre aux pays, notamment émergents, de faire face à des chocs dans l'urgence sans pour autant être soumis à des programmes formels du FMI, avec les conditions strictes qu'ils impliquent. Enfin, le G20, qui se conclut vendredi, discutait d'un possible engagement, dans le communiqué final, de la Chine à doper sa demande intérieure pour favoriser la croissance mondiale, selon la source.
Noda met en garde contre une réaction en chaîne
Le Premier ministre japonais Yoshihiko Noda a mis en garde, avant-hier, à Cannes (sud-est) contre une réaction en chaîne que pourraient provoquer les difficultés budgétaires de certains pays d'Europe. En Europe, il nous faut éviter une réaction en chaîne déclencheé par des problèmes budgétaires dans certains pays. Cette situation a un grand impact sur l'économie réelle en Europe et en dehors de l'Europe, dans les pays émergents, a déclaré M. Noda au cours d'une table ronde organisée par les patronats des pays du G20. Le Premier ministre japonais a appelé à se servir de l'expérience de la politique d'injection massive de fonds publics dans le système financier, menée par le Japon dans les années 1990 et le début des années 2000 pour redresser la situation de ses banques. Il ne faudrait pas que le secteur financier s'effondre. Il ne faudrait pas que l'économie réelle en souffre démesurément, a déclaré M. Noda. En cas de faillite il faut tout de suite injecter des capitaux dans le système, a-t-il ajouté. Yoshihiko Noda a également appelé à prêter une attention particulière aux pays émergents. Il ne faut pas oublier l'impact des pays émergents sur la croissance économique mondiale et leur impact sur les flux financiers internationaux, a-t-il souligné. Si les institutions financières retiraient leurs fonds des pays émergents c'est toute l'économie mondiale qui en souffrait, a-t-il averti préconisant par ailleurs d'assurer la stabilité des taux de change.


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