Algérie

Un four crématoire à Bougie



Cannibales est le titre de la nouvelle pièce théâtrale de Omar Fatmouche, dans laquelle il s'attaque aux racines d'un mal ignoble et inavouable : le trafic d'organes humains.Le récit est inspiré de faits réels qui ont eu lieu pour l'essentiel à l'étranger. Mais, certains se sont déroulés en Algérie, dira le metteur en scène et dramaturge, qui veut, par son texte, vouloir tirer la sonnette d'alarme sur ce phénomène qui prend une ampleur mondiale, n'épargnant aucun continent.
La nouvelle pièce produite par le Théâtre régional Malek-Bouguermouh de Béjaïa (TRB) et dont la générale a été jouée jeudi soir, à Béjaïa, résonne très fort comme un cri de révolte contre la misère humaine et un de ses corollaires, le trafic d'organes.
Omar Fatmouche, en tous cas, n'a pas mis de gants pour montrer le phénomène dans toute sa cruauté, quitte, parfois, à en exacerber les contours et la substance, évidemment, pour plus d'efficacité. Ainsi, dans sa dramaturgie et sur la scène, il a donné une place centrale au four crématoire, de sinistre mémoire, conçu comme un prolongement naturel des salles d'opérations «chirurgicales» dans lesquelles se réalisent clandestinement les prélèvements et aussi les transplantations d'organes. Une fois les parties jugées intéressantes retirées du corps des «proscrits», les carcasses restantes et leurs viscères considérés comme des «déchets» sont machinalement vouées au feu et calcinées.
Dans ces sinistres «laboratoires» où il est mis fin à des vies pour, soi-disant, en sauver d'autres, il n'y a pas de place, encore moins de temps et d'argent, pour les cérémonies funéraires. Ainsi «la purification» passe tout bonnement par la flamme.
L'auteur, certainement marqué par l'actualité et ses lectures autour du sujet, a consulté plus de 400 documents. Ceci a fait naître et grandir chez lui un profond sentiment de dégoût mais aussi de colère. C'est pour cette raison qu'il considère les acteurs de ce trafic macabre comme «des cannibales».
L'histoire dans la pièce de Omar Fatmouche commence par un fait anodin. Meriem, une journaliste qui va dans une clinique pour des soins esthétiques, mais en découvre rapidement la face cachée. La clinique supposée aider les gens sur le plan «esthétique» donc de beauté, est en réalité «une boucherie humaine» gérée par une mafia et par des «médecins» qui ont vendu leurs âmes au diable. Pour ces hommes de science sans conscience qui n'est donc que ruine de l'âme, la «valeur» des gens se mesure à leur position sociale, selon qu'ils sont riches et prêts à payer, ou pauvres et ne méritant donc pas de vivre.
La sélection est faite rapidement et les corps sont triés selon un décompte strictement mercantile. Les uns, c'est-à-dire les riches, «méritent» de vivre. Les autres, c'est-à-dire les pauvres, sont «sacrifiés» et voués ainsi à la souffrance et à la mort. «De toute façon, les misérables et les parias empêchent le monde de tourner», clame une chef mafieuse. La journaliste est horrifiée. Mais, elle reste sur place incognito, afin d'en rendre compte dans sa gazette et de faire arrêter les coupables. Mais, au bout de quelques jours, elle est démasquée puis condamnée à son tour au four crématoire pour s'en débarrasser définitivement et sans laisser de traces.
Meriem sera miraculeusement sauvée par un trafiquant tiraillé par sa conscience. Tout finit par un happy-end, avec, notamment, le sauvetage d'un enfant, destiné lui aussi au charcutage. Les membres de la bande sont arrêtés.
Jusqu'où iront certaines gens sans scrupules ' C'est certainement un des messages de la nouvelle pièce.
Kader B.


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