Le Forum des pays exportateurs de gaz
(FPEG) pourrait réunir d'ici à la fin de l'année 2011 un sommet mondial, le
premier du genre. C'est un projet annoncé hier par Leonid Bokhanovski,
secrétaire général du FPEG.
Ce forum gazier mondial réunirait «non
seulement les représentants des pays exportateurs de gaz, mais aussi des Etats
non membres du FPEG, ainsi que les patrons des principales compagnies
pétrolières ». On ne sait pas quel en serait l'ordre du jour, mais on suppose
qu'il y aura très vraisemblablement cette idée d'un mécanisme d'action pour
agir sur les prix du gaz.
Le
forum, en tant que tel, avait tenu sa dernière session à Oran, en marge de la
16ème Conférence mondiale du gaz (GNL 16). L'ex-ministre algérien de l'Energie,
Chakib Khelil, en fonction alors, avait plaidé la nécessité de réduire les
exportations pour soutenir les prix du gaz, notamment sur le marché spot où ils
étaient en chute libre. Ses pairs, s'ils le pouvaient, ne l'ont pas suivi.
L'offre était excédentaire sur le marché mondial. Le prix du gaz ne dépassait
pas les 4 dollars. Un prix bas, très bas. Un prix «correct», les exportateurs
ont l'habitude de le calculer en divisant le prix du baril de pétrole par six.
Au prix du baril autour de 84 dollars, cela aurait signifié un prix du gaz de
14 dollars. Dix dollars de moins, l'écart est considérable même si des
spécialistes estiment qu'à ce prix même les gaz schisteux risquent de ne pas
être rentables. Les optimistes attendent donc une correction du marché. Cette
correction ne vient pas.
Beaucoup trop de gaz sur le marché
Il faut donner du temps au temps. Leonid
Bokhanovski n'a donné ni le lieu, ni la date exacte de ce projet de forum
mondial du gaz qui pourrait être l'occasion d'une action collective concertée.
C'est un événement qui se prépare et dont on imagine que les initiateurs
déploieront tous les efforts pour qu'il soit un succès. Or, la conjoncture est
toujours mauvaise. Le prix du gaz est toujours bas. Pour le moment, rien
n'indique que les pays exportateurs de gaz puissent agir de concert pour
influer.
L'expert Mourad Preure signale que sur ce marché, actuellement,
«il y a de nouveaux entrants» et que « cent milliards de m³ de GNL sont en trop
soit le quart de la capacité de liquéfaction mondiale». C'est une quantité
énorme qui ne favorisera certainement pas une hausse du prix. Et sur ce marché
surabondant, chacun défend naturellement ses intérêts. «Le Qatar veut trouver
des débouchés sur le marché européen», signale Mourad Preure et «la Russie dont
la production a baissé de plus de 16%», est en train d'accorder «des facilités
à ses clients, c'est-à-dire des autorisations de céder le gaz vendu à long
terme au prix du marché spot, ce qui fait que le marché européen est
concurrentiel actuellement». Le sera-t-il longtemps ? Probablement encore
jusqu'à l'hiver. Pour le moment, il reste une offre spot importante qui conduit
les consommateurs engagés sur le long terme avec des fournisseurs à ne prélever
que la part minimale prévue dans les contrats.
Les débouchés algériens menacés
Il
faut dire que l'idée d'une organisation des pays exportateurs de gaz - sur le
modèle de l'OPEP - ne semble pas encore avoir suffisamment été mûrie et paraît
irréalisable. Même Chakib Khelil avait, à un moment donné, balayé cette idée
d'un revers de la main en faisant valoir que les investissements lourds de
l'industrie gazière et ses contrats à long terme empêchaient sa faisabilité, à
la base. Il a ensuite opéré un revirement complet, lors du GNL 16. Son
volontarisme n'a pas été payant. Il a eu un furtif effet d'annonce. Le Qatar et
la Russie, notamment, ont fait comprendre que la priorité allait à la
préservation de leurs parts de marché. L'Algérie, naturellement, doit en faire
autant. «Il faut que Sonatrach protège ses débouchés en matière de gaz naturel.
Ces débouchés, l'Europe du Sud notamment, sont menacés par de nouveaux
acteurs», souligne l'expert Mourad Preure dans un entretien au site
«Maghrebemergent».
Aussi, d'ici la tenue de ce forum mondial gazier vers la fin 2011,
l'eau coulera sous les ponts. Rien pour le moment ne présage concrètement de
l'émergence d'une organisation gazière ayant la même fonction que l'OPEP. Rien,
également, n'interdit d'y réfléchir et de se donner le temps pour cela.
Le
Forum des pays exportateurs de gaz, qui projette la tenue de ce forum mondial,
a été institué en 2001 à Téhéran. A la septième rencontre ministérielle en
décembre 2008 à Moscou, le FPEG a été transformé en organisation internationale
informelle. Son siège est à Doha (Qatar). Il réunit actuellement 11 pays
membres (Algérie, Bolivie, Venezuela, Egypte, Iran, Qatar, Libye, Nigeria,
Russie, Trinidad et Tobago, Guinée équatoriale), et trois pays observateurs
(Kazakhstan, Pays-Bas, Norvège). M. Bokhanovski a été élu secrétaire général du
Forum à la 9e rencontre ministérielle en décembre 2009.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 23/06/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Oualid Ammar
Source : www.lequotidien-oran.com