Rachid Kezzaz, Français d'origine algérienne, a de la suite dans les
idées. Même s'il ne se sent pas l'âme d'un défenseur du voile intégral, il
n'aime pas que l'on bafoue la Constitution et que l'on interdise aux femmes qui
le portent de circuler dans la rue.
Il a créé un fonds pour payer les amendes qui seraient infligées aux
porteuses de niqab. Rachid Kezzaz, porte-parole de l'association «Touche pas à
ma Constitution», avait annoncé, en juillet dernier, le lancement d'un fonds de
solidarité d'un million d'euros pour le paiement des amendes qui seraient
infligées aux femmes concernées. Il persiste et signe. Au lendemain de
l'adoption définitive par le Sénat français de la loi contre le voile intégral
qui punit les femmes concernées à une amende de 150 euros si elles se couvrent
le visage dans la rue et dans les espaces publics, il appelle les concernées à
la désobéissance civile. La loi devrait entrer effectivement en vigueur – si
elle n'est pas censurée par le Conseil constitutionnel – dans six mois après
des «mesures éducatives», et les femmes qui continueront à se voiler le visage
dans la rue ou dans des lieux publics seront passibles d'amendes. Rachid
Kezzaz, qui a été candidat aux élections présidentielles françaises en 2007,
veut rendre cette loi caduque. «Cette loi doit compter pour du beurre, car
lorsque nous commençons à renier les libertés dans la rue, la vigilance sur les
principes se relâche et tout devient possible, surtout le pire».
«N'ayez pas peur !»
«N'ayez pas peur», lance-t-il à
ces femmes – elles seraient entre 500 et 2000 en France – en leur demandant de
transmettre les éventuelles amendes au fonds de solidarité qui se chargera de
les payer. «Je suis personnellement totalement opposé au niqab, mais je me
battrai pour que, dans la rue, patrimoine universel de la liberté, ce bien
universel et sacré, chaque individu puisse être libre de ses choix, et donc
pour que celles qui le souhaitent puissent se vêtir comme elles le veulent.
Elles ne doivent donc pas avoir peur de cette Loi qui n'a comme vocation que
d'être anxiogène et de diviser les Français. Chaque femme qui portera le voile
intégral dans la rue n'aura qu'à nous transmettre son amende que nous nous
chargerons de payer au Trésor public», a indiqué M. Nekkaz.
Pour l'instant, le fonds créé
pour financer les amendes qui pourraient être infligées aux récalcitrantes en
France et en Belgique a recueilli 62.800 euros. Nekkaz et son épouse, une
chrétienne d'origine américaine, ont apporté 200.000 euros au fonds et ils ont
mis en vente un bien immobilier d'un million d'euros. Cet argent devrait
permettre de financer les amendes «sur au moins deux ans». Si le Conseil
constitutionnel français ne censure par une loi aux fondements juridiques
fragiles et à l'applicabilité problématique – c'est la raison invoquée par la
plupart des sénateurs de l'opposition (socialistes, verts et communistes) pour
ne pas participer au vote –, cela devrait permettre d'organiser la
«désobéissance civile» en attendant d'autres recours judiciaires au niveau
européen.
La sénatrice Anne-Marie Payet : «Une violence»
En mars dernier, le Conseil d'Etat français dans une «étude sur la
possibilité juridique d'interdiction du port du voile intégral» soulignait que
ni le principe de laïcité, ni celui de la dignité de la personne humaine ou de
l'égalité entre les femmes et les hommes ne peuvent justifier une prohibition
générale de ce vêtement. Pour Rachid Nekkaz, l'interdiction général est un
«acte de délinquance constitutionnelle du Président Sarkozy», qui «n'augure
rien de bon, et c'est le rôle de citoyens courageux, qui ont les moyens, de le
contrer». La sénatrice de la Réunion, Anne-Marie Payet, la seule à avoir voté
au Sénat contre la loi interdisant le voile intégral dans l'espace public, ne
dit pas autre chose. Elle considère que la loi en question est une «négation
des valeurs de la République». Elle souligne également que cette loi est
difficilement applicable. «Le Conseil constitutionnel doit se prononcer sur
cette loi» qui, selon elle, est une forme de «violence» qui atteint «la dignité
de la femme».
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 16/09/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salem Ferdi
Source : www.lequotidien-oran.com