Algérie

Un fonctionnaire du ministère des AE mis en examen à Paris



Soupçonné d'être le commanditaire de l'assassinat de l'avocat et opposant Ali Mecili le 7 avril 1987 à Paris, Mohamed Ziane Hassani, responsable du protocole au ministère des Affaires étrangères, a été placé sous contrôle judiciaire en France. Arrêté jeudi dernier à l'aéroport de Marseille-Marignane puis relâché par un juge des libertés et de la détention, Mohamed Ziane Hassani est accusé de « complicité d'assassinat » et mis sous l'interdiction de quitter la région parisienne et sous l'obligation de justifier d'une résidence à Paris avant une prochaine convocation chez le juge d'instruction, Baudouin Thouvenot, prévue à la fin du mois en cours.L'arrestation puis la mise en examen de Ziane Hassani à Paris fait suite au lancement contre lui le 7 décembre 2007 par le même juge Thouvenot de deux mandats d'arrêt internationaux, l'un contre sa personne et le deuxième contre Abdelmalek Amellou exécutant présumé de l'ordre d'assassinat de Mecili. Selon des sources policières citées par l'AFP, Hassani « était porteur d'un passeport diplomatique mais n'est pas inscrit sur la liste des personnes jouissant de l'immunité diplomatique ». Ces mêmes sources ajoutent qu'« il a tenté de faire jouer une question d'homonyme avec les policiers de la PAF puis avec le procureur d'Aix-en-Provence, sans succès ». L'avocat de la famille Mecili a réagi avec satisfaction à la mise en examen de Ziane Hassani. « c'est une bonne nouvelle, mais il ne faut pas qu'il se produise ce qui s'est déjà produit dans ce dossier, à savoir l'expulsion vers l'Algérie de suspects avant qu'ils puissent être jugés en France. La justice doit être rendue en France dans cette affaire », indique maître Antoine Comte.Depuis l'assassinat de Mecili il y a 21 ans, sa famille n'a pas cessé de réclamer justice. Le nom de Ziane Hassani est apparu la première fois dans l'affaire Mecili en 1993 à travers le livre de Michel Naudy Un crime d'Etat, l'affaire Mecili. Une première instruction avait abouti cette même année à un non-lieu et les parties civiles avaient fait appel poussant la chambre d'instruction à reprendre l'enquête. Exilé en France en 1965, Ali Mecili était membre du parti du Front des forces socialistes et militait pour les droits de l'homme. Le 7 avril 1987, il a été assassiné par balles dans le hall de son immeuble parisien du boulevard Saint-Michel. Hocine Aït Ahmed avait pointé ce jour-là un doigt accusateur sur « les services spéciaux algériens pour avoir commandité cet assassinat », et l'ancien président algérien Ahmed Ben Bella avait, lui aussi, estimé que le meurtre de Mecili « a été télécommandé par Alger ».Le président du Front des forces socialistes, Hocine Aït Ahmed, a réagi hier sur les ondes de Radio France Internationale à la nouvelle de la mise en examen de Ziane Hassani en déclarant : « Je suis très heureux d'apprendre qu'enfin on met fin d'une certaine manière à l'impunité ». Aït Ahmed estime que « l'omerta qui a été adoptée par les autorités algériennes et les autorités françaises était trop dure », ceci et d'exprimer l'espoir qu'« une ouverture se fera sur ce plan-là ». Le leader du FFS confie à ses interlocuteurs : « Pour moi, la perte de Ali Mecili est immense, non seulement en ce qui concerne sa qualité humaniste, sa lucidité et le fait que c'était un symbole pour toute une génération ». « il a été un très grand patriote pendant la guerre de Libération. Il s'est rallié à mon parti' Il s'est mis au service de tous ceux qui étaient pourchassés en France ou ailleurs. Pour moi, Mecili fait partie de ces grandes élites internationales », indique Aït Ahmed, qui dit ne jamais s'être remis de la perte de son ami. Aït Ahmed assure, en outre, que « Madame Mecili et ses enfants sont très heureux d'apprendre qu'enfin justice va être rendue ». Le Front des forces socialistes s'est exprimé, en outre, à travers un communiqué signé par son premier secrétaire par intérim Ahmed Betatache. « Le FFS se réjouit de cette nouvelle et tient à saluer le courage et l'intégrité morale du juge », est-il écrit dans son communiqué.Le FFS exprime toutefois la crainte d'un blocage de la procédure judiciaire. « dans cette affaire, les intrusions des pouvoirs, au nom de la raison d'Etat, ont systématiquement 'uvré contre la manifestation de la vérité. C'est cette expérience du déni de justice qui fait craindre que des pressions puissent s'exercer en vue de retarder ou de bloquer la procédure entamée. » Le plus vieux parti d'opposition, dont Ali Mecili était membre, promet de suivre « avec attention les suites qui seront données à cette affaire et espère que la logique du droit l'emportera sur la raison d'Etat et la déraison des contrats qui, dans tous les cas, demeurent des arguments inacceptables ». A l'heure où nous mettons sous presse, le ministère des Affaires étrangères n'a émis aucune réaction. Contacté par téléphone, une source diplomatique avait assuré qu'un communiqué allait être diffusé.


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