Algérie

Un « Focus group » pour une meilleure gestion de l'eau



Un « Focus group » pour une meilleure gestion de l'eau
Quel est le profil-type de l'Algérien consommateur d'eau ' Quelles sont les attentes et les attitudes des usagers de l'eau ' Quelles sont les insuffisances et les lacunes constatées dans le secteur de la distribution de l'eau ' Une équipe d'experts du ministère des Ressources en eau et de l'Union européenne enquête afin d'apporter des éléments de réponses qui détermineront les futures décisions en matière de dotation hydrique des villes et villages d'Algérie. Après avoir réalisé, aux mois de mai et juin de l'année en cours, une enquête d'envergure nationale sur la problématique de la dotation hydrique des villes et des villages et le rapport qu'entretiennent les consommateurs avec cette matière vitale qu'est l'eau, sans laquelle toute velléité de développement se trouve fortement hypothéquée, des experts du ministère des Ressources en eau et de l'Union européenne, activant dans le cadre d'un programme de coopération visant la « réalisation d'un plan et d'actions de communication pour le secteur de l'eau », ont fait, la semaine dernière, un séjour au chef-lieu de la wilaya pour animer un « Focus group » auprès d'un panel de citoyens considérés comme des leaders d'opinion.Ainsi, des élus de l'APC, des présidents d'associations, des professeurs de l'université de Biskra, des imams, des représentants des services et de l'administration de l'hydraulique et des journalistes ont été conviés, au siège de l'Office national d'irrigation et de drainage de Biskra (ONID), à une sorte d'audition, laquelle, selon Djamila Akram, chef de projet, missionnée par le MRE, « complète un sondage portant sur 1 700 ménages, 300 agriculteurs et 300 industriels, et à travers laquelle, le ministère des Ressources en eau souhaite déterminer, avec le plus d'exactitude possible, les attitudes, les attentes et les besoins en eau de la population afin d'améliorer l'accès à l'eau et la gestion de celle-ci ».Abderazak Khadraoui, directeur de l'Agence hydrographique Sahara, a rappelé, dans une brève allocution, les efforts déployés par l'Etat et les collectivités locales en matière de projets hydrauliques et d'approvisionnement des cités en eau potable. A cet effet, il expliquera : « Une gestion rationnelle et durable des ressources en eau nécessite une mobilisation permanente et solidaire de tous. La mise en valeur et la gestion efficace de l'eau doivent se baser sur une approche participative impliquant les utilisateurs, les planificateurs et les décideurs à tous les niveaux ». Articulée autour de six thèmes, déclinés par Redha Tir, expert en enquête et coordinateur inter-régions, la séance de travail a été consacrée aux questions de la disponibilité de l'eau potable pour les habitants de la wilaya de Biskra et à la connaissance que ceux-ci ont (ou n'ont pas) des différents services techniques et administratifs intervenant dans la production et la gestion de cette ressource, à la tarification et à la facturation de l'eau, au degré d'appréhension du citoyen lambda des grands projets initiés par les pouvoirs publics dans le secteur de l'eau, à l'évaluation de la qualité et de la quantité de l'eau servie dans les 33 communes de la wilaya et, enfin, à la représentation de l'eau dans l'esprit et l'imaginaire de ses usagers.De grands progrès et des insuffisancesL'accès inégal et irrégulier de centaines d'usagers à l'eau potable, l'absence de compteurs dans de nombreux lotissements de plusieurs daïras, l'iniquité des tarifs forfaitaires et le prix de revient exorbitant de l'eau livrée par camion-citerne, le gaspillage et la dilapidation des ressources hydriques, la vétusté du réseau de distribution de l'eau potable, les ruptures de canaux et les cross- connexions, les incidences de la pénurie de l'eau sur l'hygiène, la santé, l'économie et même sur la sécurité et la vie sociale, les désagréments induits par le manque d'eau dans les lieux de culte, les écoles et les lieux publics, la multitude de branchements illicites et la précarité des exploitations agricoles du fait de l'insuffisance de l'eau d'irrigation, les robinets perpétuellement à sec et la corvée du remplissage des baignoires, bassines et autres fûts, imposée aux citoyens, le défaut de sécurisation des approvisionnements en eau, la présence d'eau polluée ou salée dans les canalisations et bien d'autres aspects, insuffisances et lacunes constatés dans le secteur de l'eau ont été relevés par les intervenants au cours de cette rencontre. En marge des travaux, Georges de Crisenoy, expert institutionnel, s'est déclaré interloqué par le phénomène « des branchements illicites » qui a été plusieurs fois pointé du doigt durant cette séance par différents orateurs et « auquel toutes les entreprises de distribution de l'eau du monde sont confrontées, mais qui semble prendre une ampleur importante ici », dira-t-il. Le système des tarifications forfaitaires, qu'il juge « inique et inadapté à l'impératif d'économiser l'eau et de mettre en place une gestion rationnelle des ressources hydriques », lui semble être un autre point qui mérite un traitement particulier.Reconnaissant à l'unanimité, le « caractère titanesque du chantier de l'eau, auquel l'Etat accorde la plus grande attention », les participants à ce « Focus group » n'ont pas manqué de mettre en exergue un second inventaire : celui des grands projets hydrauliques réalisés à Biskra et ses alentours, « où des améliorations et des progrès indéniables ont été enregistrés ces trois dernières années dans la distribution de l'eau », dont les quelques éléments les plus significatifs sont l'alimentation de la ville en eau potable d'une excellente qualité à partir de la source de Droh, distante de 28 km de Biskra, la rénovation et la modernisation de milliers de kilomètres linéaires du réseau de distribution d'eau, la réhabilitation de l'infrastructure et l'amélioration constante des performances des opérateurs de gestion des services de l'eau et la construction de réservoirs de grande capacité desservant les grandes cités de la ville. Sarboni Marie-Christine, chef d'équipe du projet, qui s'est évertuée toute la matinée à consigner minutieusement les remarques et les observations des participants à cette table ronde, a expliqué que « le but de cette enquête nationale, menée selon une méthodologie éprouvée, est d'obtenir une image, la plus concrète et la plus réelle possible, de la situation du secteur de l'eau ». Les résultats de cette opération, « qui a permis de recueillir une masse d'informations très intéressantes », selon elle, seront l'objet d'une conférence de presse prévue à Alger à la fin du mois de septembre prochain.


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