Algérie

Un fléau chasse un autre



Un fléau chasse un autre
La visite du chef de la diplomatie américaine en pleine campagne électorale en Algérie a fait, comme il fallait s'y attendre, grand bruit. Un éléphant dans un magasin de porcelaine ou un joueur de baseball qui dévale dans une salle de réanimation. Les Américains, qui ont plus d'intérêts que d'amis dans le monde, peuvent faire le contraire de ce qu'ils pensent, comme beaucoup d'autres nations du reste. L'ONG américaine NDI, proche du Parti démocrate, a fait savoir qu'elle n'enverra pas de mission d'observation de l'élection présidentielle algérienne, une décision qui s'ajoute à celle de l'Union européenne invoquant les mêmes motifs des «délais insuffisants», mais qui sont perçus comme un manque d'entrain pour servir d'alibi international à un processus électoral décrié à l'intérieur du pays et raillé à l'extérieur.Défendre les principes démocratiques est une chose, préserver ses intérêts stratégiques en est une autre. Même réajustés après un quiproquo de quelques heures entre traducteurs, les propos de John Kerry sur la transparence «attendue» de l'élection algérienne suscitent la même incompréhension. Même si l'absence de régularité dans le processus en cours ne saute pas aux yeux des chancelleries étrangères, il serait difficile, voire impossible de changer de cap en milieu de campagne électorale pour basculer, par miracle, dans une élection transparente. La transparence en politique est un chantier de longue haleine, qui nécessite des années puisqu'il n'est rien d'autre que la construction d'une démocratie.Cette perspective est repoussée dans notre pays et il n'a échappé à personne, même aux observateurs étrangers, que le Premier ministre a démissionné de son poste quelques jours avant le début de la campagne électorale pour devenir directeur de campagne du président-candidat, en engageant les moyens et le personnel de l'Etat, jusqu'au directeur de cabinet de la Présidence. Une démarche particulièrement archaïque, propre aux nations qui refusent d'entrer en démocratie et d'adopter un mode de gouvernance transparent. Cette soudaine visibilité diplomatique, engrangée comme un «coup de pouce» par l'équipe au pouvoir et en campagne, peut ne pas coïncider avec les intérêts de notre pays, dont la position de fragilité actuelle peut ouvrir la voie à des concessions en matière de «sous-traitance» sécuritaire dans la région.Le «renforcement de la coopération et la lutte antiterroriste» est revenu comme un leitmotiv dans ce dialogue stratégique algéro-américain. Et l'on redécouvre que le terrorisme est un «fléau qui vise et menace toutes les nations». On l'a compris en Algérie depuis une vingtaine d'années et la lutte contre la subversion islamiste a été menée avec succès par les services de sécurité et la mobilisation des citoyens. Si le terrorisme a été indubitablement vaincu en Algérie, il n'en est pas de même d'un autre fléau, tout aussi ravageur, qu'est la corruption. Les islamistes radicaux sont identifiables, leur élimination dépend des opérations de police, mais la corruption est un mal qui métastase et a pour terrain de prédilection les institutions de l'Etat. Il ne connaît son épilogue que dans des explosions sociales, comme ce fut le cas en Tunisie il y a trois ans, où un despote et son clan ont été emportés par la colère d'un simple marchand de fruits et légumes.




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