Un film muet...très parlant BEJAIA: PROJECTION SPECIALE DU FILM BANC PUBLIC DE DJAMEL ALLAM

L'oeuvre, un court métrage de 20', a obtenu la plus haute distinction de sa sélection, l'Olivier d'or, lors de la 13ème édition du Festival national du film amazigh.
Quand la parole n'a plus l'avantage sur l'image, la réalité révèle toutes les dissimilations...Ce court métrage, le premier de Djamel Allam, se veut une traduction atypique, tragi-comique tirée d'un regard contracté et espiègle à la fois sur notre société. Le court métrage Banc public, le premier de Djamel Allam, en sa qualité de réalisateur, a été projeté à la Cinémathèque de Béjaïa, samedi dernier, dans une projection spéciale pour la presse locale et le public averti. L'oeuvre, un court métrage de 20', a obtenu la plus haute distinction de sa sélection, l'Olivier d'or, lors de la 13e édition du Festival national du film amazigh qui s'est déroulée du 23 au 28 mars derniers à Tizi Ouzou. Banc public, qui a fait l'objet d'une projection spéciale samedi dernier à la Cinémathèque de Béjaïa, a suscité beaucoup de réactions positives de la part d'un public initié et des journalistes locaux. D'emblée, le réalisateur avertit avant la projection: «A l'origine, c'est une ancienne idée de chanson que je n'ai pas pu produire...j' ai du la transformer en film...attention, c'est un film plein de caricatures, il faut faire une lecture au second degré du message qu'il véhicule!». «Les personnages sont caricaturés à l'extrême, pas des clichés volontairement réducteurs pour dénoncer les comportements inciviques de certains de nos citoyens» peut-on lire aussi dans le synopsis. En somme, c'est l'histoire d'une belle jeune fille progressiste assise sur un banc public, le dos tourné à la Méditerranée qui assiste muette au défilé de personnages, archétypes sociaux, qui retracent l'évolution (plutôt la régression) de la société algérienne. Ce film muet, accompagné des mélodies musicales de haute gamme, raconte l'histoire d'une jeune fille, jouée par la jeune Nora Khadir. Assise sur un banc public à «la Brise de mer», à Béjaïa, elle se fait «draguer» par des passants, dont un pêcheur, un footballeur, un jeune plouc, un musicien, un homme d'affaires «beggar» et beaucoup d'autres personnages qui se succèdent en essayant d'attirer son attention de toutes les manières possibles. Mais les scènes jouées n'ont pas fait réagir la jeune demoiselle, qui derrière ses lunettes de soleil, regarde fixement à l'horizon un point indéfini. «Sur le plan technique, c'est réussi! C'est d'une esthétique relevée, des images captivantes montées sur de belles musiques» nous déclare l'auteur Rachid Oulebsir. De son côté, l'homme de cinéma de Béjaïa, Nonor Houchiche, l'animateur de Project'heurt en l'occurrence, s'est déclaré satisfait du travail réalisé et déclare à propos des réactions qui ont suscité sa distinction «un palmarès qui suscite une polémique est de bon augure». «La force du film c'est d'avoir opté pour la forme muette pour dire des choses graves» témoigne un autre béjaoui. À la question d'un confrère sur la translation faite de la chanson au cinéma, le néoréalisateur déclare: «Franchement, je n'ai plus envie de chanter...j'assiste muet à une régression galopante de la chanson algérienne en général.» Dans la foulée, Djamel Allam a tenu à préciser que la particularité de ce film c'était de mettre des images sur des musiques, contrairement aux autres films de cinéma où on met de la musique sur des images et des scènes de film. Concernant son analyse globale sur le film, le réalisateur déclare: «J'aurais bien aimé présenter des choses positives sur mon pays dans son volet sociétal...hélas, je n'en trouve pas pour le moment...» En outre, la fin de ce film réserve une surprise qui demeure la clé même de ce court métrage.