La militante pour les droits de la femme, Me Nadia Aït Zaï, est convaincue que la mise en place d'un fichier de police répertoriant les prédateurs et auteurs des actes de viol et de violence à l'encontre des enfants et des femmes permettra de mettre fin à la récidive. Elle plaide, toutefois, pour le durcissement des lois et une condamnation des auteurs à la perpétuité sans remise de peine.Rym Nasri - Alger (Le Soir) - La violence à l'égard des femmes est exprimée, aujourd'hui, de façon «ostentatoire» et «cruelle», déplore Me Nadia Aït Zaï, avocate et militante pour les droits de la femme. Selon elle, quarante femmes ont été assassinées dans notre pays depuis janvier 2020. Leur assassinat est, pour elle, signe d'une frustration chez les auteurs de ces actes et une perte de contrôle de soi, mais aussi une perte de contrôle sur la femme.
«C'est cette perte de contrôle qui fait que ces meurtres ne sont pas des meurtres ordinaires mais des féminicides. On tue une femme parce qu'elle est une femme et qu'elle ne répond pas aux exigences qu'on lui a demandées», souligne-t-elle.
Ces «maux sociaux», poursuit-elle, sont devenus visibles puisque la société s'est libéralisée, les rapports sociaux ont évolué et le mode de vie a bien changé. Elle estime qu'il ne faut pas que ces maux nous échappent, d'où la nécessité de trouver des solutions.
Intervenant, hier mercredi, sur les ondes de la Radio Chaîne 3, Me Aït Zaï fait remarquer qu'aujourd'hui, les femmes victimes de violences n'ont pas beaucoup de place dans le procès pénal.
«Elles sont celles qui déclenchent l'action publique mais, très souvent, elles sont en marge du procès parce qu'elles ne connaissent pas leurs droits : le droit à l'information, à être accompagnée, à une assistance judiciaire et, surtout, le droit à une réparation», dit-elle, avant de plaider pour l'accompagnement de ces victimes.
La militante pour les droits de la femme insiste, par ailleurs, sur la surveillance des prédateurs, des auteurs de viol, et de toutes les personnes qui commettent des violences sexuelles.
Elle plaide ainsi pour la création d'un fichier auprès de la police pour répertorier les auteurs de ces actes. Un fichier, explique-t-elle, qui fournira des informations importantes permettant d'éviter la récidive et de diminuer cette violence.
Elle préconise également de mettre en place une brigade de police chargée des violences sexuelles à l'encontre des enfants et des femmes. «Pourquoi pas créer un tribunal chargé uniquement de ce type d'affaires, comme cela se fait dans d'autres pays '» a-t-elle ajouté.
Elle interpelle également le ministère de la Justice pour étendre le recours au bracelet électronique aux auteurs de ces actes de viol et de violence.
L'invité de la radio qualifie, en outre, la relance de la peine de mort de «faux débat». Elle rappelle que l'Algérie, qui a un moratoire depuis 1993 auquel elle s'en tient, se conforme aux conventions internationales.
«La peine de mort ne va pas empêcher les gens de commettre ces actes. Elle ne va rien régler. Il faut plutôt durcir les lois comme la condamnation à la perpétuité sans remise de peine. Cela servira de leçon pour les autres», dit-elle.
Me Aït Zaï regrette que la société recoure à ses propres règles et ignore les lois de la République.
«Chaque village, chaque quartier, chaque famille crée ses propres lois qu'il considère qu'elles vont protéger la morale et les traditions. Aujourd'hui, les lois de la République doivent s'imposer pour contrecarrer ces règles de la société», conclut-elle.
Ry. N.
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Posté Le : 08/10/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Rym Nasri
Source : www.lesoirdalgerie.com