Un festival et des zones d'ombre

Depuis quelques jours, les murs du centre-ville sont abondamment ornés d'affiches annonçant la tenue d'un événement culturel appelé «Festival Layali Cirta, 1ère édition 2OO8».

Les dites affiches indiquent que cette manifestation, qu'abritera du 4 au 17 août le tout nouveau théâtre de plein-air de Zerzara, est « placée sous le haut patronage de M. le Wali de Constantine ». La manifestation débutera donc aujourd'hui par la production de la fameuse chanteuse du Raï, Cheba Zahouania, et réunira, à des dates différentes allant du 4 au 17 août, des chanteurs et chanteuses de renommée internationale à l'image de Cheb Khaled et Nancy Adjram.

Ces mêmes affiches annoncent un gala international de boxe lequel sera sûrement le clou de la manifestation puisqu'il opposera le champion Benguesmia à un adversaire dont le nom n'a pas été révélé, « pour disputer un titre mondial » !

Voulant en connaître davantage sur cet événement exceptionnel pour une ville comme Constantine, et vu le plateau alléchant proposé par les organisateurs, et qui va certainement drainer les grandes foules de jeunes et de moins jeunes de toute la région de Constantine, nous avons pris attache, hier matin, avec le directeur de la Culture de la wilaya de Constantine, M. Nettour. Ce dernier nous précisera « qu'il venait justement de recevoir l'initiateur de l'évènement pour lui expliquer que l'organisation de telles manifestations, à caractère commercial par les particuliers, nécessite l'aval du ministère de la Culture en plus de la possession d'un registre de commerce. Or, affirme M. Nettour, cette personne ne possède ni l'un, ni l'autre ». Contact pris avec le directeur du théâtre de plein-air, M. Bechekri, où sont censés se dérouler les spectacles qui rentrent dans le cadre de ce « festival » dont les contours commençaient à devenir de plus en plus flous, celui-ci nous donnera confirmation de l'évènement et ne manquera pas d'ajouter « que l'organisateur a bel et bien obtenu l'autorisation des services concernés de la wilaya et de l'APC », sans pour autant fournir le moindre renseignement sur ce mystérieux organisateur impossible à joindre malgré nos tentatives. Nos tentatives de contact avec les responsables du comité des fêtes de la mairie n'ont pas également abouti. Quant à la cellule de communication de la wilaya, questionnée sur « le patronage du wali », ses responsables nous ont confirmé « avoir eu vent de l'événement comme le citoyen lambda, mais ignorent le patronage du wali ou autre responsable et qu'ils allaient s'informer.

Alors, beaucoup de zones d'ombre et de questions entourent l'organisation de ce « festival ». D'autant plus que pour un événement d'une telle envergure, la médiatisation est limitée uniquement au seul affichage sur les murs de la ville et n'a eu, apparemment, pas de retentissement ni dans les médias et encore moins chez la population.