La fuite des compétences nationales décriée
«Ça serait très bien de pouvoir importer de la matière grise même si on devait la payer très cher parce que, à l’opposé des matières premières, il s’agit d’une richesse durable».
C’est en ces termes que Sid-Ali Boukrami, expert financier et di-recteur de l’ITFC de Koléa, intervenant hier sur les ondes de la Chaîne III, résumera l’importance de prendre en charge et de valoriser nos compétences nationales. Regrettant l’impossibilité «de faire revenir la diaspora algérienne, mieux considérée sous d’autres cieux et très largement rétribuée», l’hôte de la radio a défendu le «retour à une politique de partenariat» pouvant profiter à l’économie nationale.Celle-ci, et pour qu’elle soit efficace, doit être, à son avis, fondée sur le concept du «risque» et non pas sur «la rente». Ce qui, en définitif, aboutirait à «un système éducatif performant et compétitif». Mais, sauvegarder la matière grise locale par des textes de loi et des institutions n’est pas la solution idoine de l’avis de Boukrami. «Il ne faut mettre en application ni un texte de loi ni créer une institution pour sauvegarder la matière grise. Il faut plutôt créer un environnement économique favorable et durablement efficace», recommande-t-il, tout en reconnaissant que dans tous les pays du monde, «dès qu’on n’a pas de solution naturelle à un problème, on promulgue une loi ou on crée une institution sans arriver pour autant à solutionner le problème». Les mesures de rafistolage sont à éliminer, dira-t-il, tout en estimant aussi qu’»on peut mettre une politique attractive pendant un certain temps mais dès que les incitations seront levées, les gens vont repartir». Plus explicite, il dira qu’»il existe actuellement 9.000 médecins originaires d’Afrique aux Etats-Unis, qui envoient chacun 20.000 dollars annuellement à leurs familles alors que notre communauté algérienne ne produit pas la moindre valeur ajoutée». «Un pays comme la Guinée-Bissau a 50% de son PIB qui vient des envois de l’immigration», citera-t-il comme exemple. L’intervenant admet dans cette optique que le mouvement historique des migrations des élites est aujourd’hui inéluctable et «c’est à nous de voir un peu la capacité réelle de s’adapter ou non». «Aujourd’hui la concurrence se fait entre les systèmes éducatifs et ce sont ces systèmes qui vont déterminer si vous êtes performant ou pas. Ce n’est pas les régions qui créent mais ce sont plutôt les entreprises», prévient-il encore.
Et pour attirer les meilleures ressources, l’économiste cite en exemple la première société du pays: «SONATRACH a su toujours s’adapter aux nouvelles réalités et elle a pu acquérir depuis un certain temps des participations à l’étranger. Elle a su diversifier ses ressources et cela n’a été possible que parce qu’elle a pu s’adapter au changement continu des réalités internationales».
Samira Illoul
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 26/02/2008
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com