Algérie

Un ex-opposant à l'assaut du palais de Carthage



Son parti, qu'il définit comme une formation «centriste sociale», est crédité du meilleur score derrière les islamistes d'Ennahda dans de récents sondages, à  la fiabilité toutefois encore incertaine. Depuis déjà plusieurs semaines, le PDP est en pré-campagne pour mieux se faire connaître dans la perspective du scrutin du 23 octobre prochain destiné à  élire une Assemblée constituante, qui aura pour tâche de donner naissance aux nouvelles institutions de la Tunisie, après la révolution qui a chassé du pouvoir l'ex-président Ben Ali en janvier. «Il y a deux grands courants en compétition : d'un côté, le courant démocratique, moderniste, et le PDP passe pour àªtre la principale formation de ce courant», souligne dans un entretien à  l'AFP M. Chebbi, figure historique de l'opposition sous Bourguiba et Ben Ali. «Le PDP n'occupe pas seul cet espace. Mais même si les sondages sont sujets à  caution, on sent, d'un point de vue empirique, qu'il a une présence plus importante», ajoute cet avocat de 66 ans à  la silhouette élancée et à  la voix posée. «Face à  ce mouvement, il y en a un autre : le mouvement islamiste conservateur (Ennahda, ndlr) qui fait preuve lui aussi d'un grand dynamisme politique et semble avoir des moyens financiers», poursuit-il. Ennahda est actuellement crédité du plus grand nombre d'intentions de vote et son score est monté jusqu'à 30% dans certains sondages.
L'antithèse d'Ennahda
«Ils ont une infrastructure religieuse. Ils ont un discours identitariste conservateur qui mobilise certaines fractions conservatrices de la population», dit M. Chebbi. «Ils proposent un Etat idéologique (...) ce qui est en soi menaçant pour les libertés civiques.» Une victoire islamiste, à  laquelle il dit ne pas croire, «brouillerait l'image du pays à  l'étranger», plaide-t-il.
Interrogé sur une éventuelle intervention de l'armée en cas de victoire islamiste, M. Chebbi est catégorique. «Ce serait la pire des choses», dit-il en soulignant que «l'armée tunisienne respecte le caractère civil de l'Etat». M. Chebbi a été ministre du Développement régional dans le gouvernement de transition qui a suivi la chute de l'ex-président, avant de démissionner en mars. Doté d'un certain charisme, il était cité comme la personne la plus apte à  diriger le pays dans un sondage début juin, mais avec un maigre score de 7,2%. Et un tiers des sondés jugeait qu'aucune personnalité ne se dégageait. Pour M. Chebbi, le gouvernement actuel «a à  son actif un apaisement politique» après une période fort troublée. Mais il souligne qu'il est «basé sur un consensus politique précaire» et dispose de trop peu de temps pour «insuffler la confiance au pays». Il plaide pour un régime présidentiel, avec des «prérogatives limitées» dans lequel le Président ne pourrait pas dissoudre l'assemblée. Interrogé sur une éventuelle candidature de sa part, il répond que la question est «prématurée». «Avant l'heure ce n'est pas l'heure», dit-il.
Pour ce qui est du financement de son parti, M. Chebbi dit que celui-ci reçoit des contributions de citoyens et d'hommes d'affaires tunisiens «qui nous aident assez généreusement». Il se montre par ailleurs sévère pour la Commission chargée de la réforme politique, dirigée par Yadh Ben Achour. «Elle a confondu indépendance et autoritarisme», dit-il, «elle est peu représentative parce que personne n'est élu (...) et plus tôt elle partira, mieux ce sera pour le pays», lance-t-il. M. Chebbi, qui doit effectuer prochainement une tournée de l'autre côté de la Méditerranée, souligne enfin qu'«un partenariat avec l'Europe est le cadre idyllique pour que la Tunisie réalise le maximum de progrès et puisse intégrer pleinement la modernité».                                                                                     


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