Un véritable tournant s'est opéré cette dernière semaine au Moyen-Orient. Les principaux producteurs et exportateurs de pétrole et de gaz ont passé outre les habituelles directives américaines en matière de production d'énergie. L'Arabie Saoudite en tête, les pays arabes du Golfe, accompagnés par la Russie dans le cadre de l'OPEP+ se sont résolus à diminuer leur production pétrolière de deux millions de barils/jour, refusant de prêter le dos à l'accoutumée obéissance aux pressions de Washington et des pays occidentaux. Certains voient même dans cet inédit événement un doigt d'honneur caractérisé à l'adresse des Américains et presque un alignement solidaire avec la Russie.Surprises et décontenancées, les autorités américaines disent réfléchir sur une variante de conduites à tenir pour une situation à laquelle elles ne s'attendaient pas, trop confiantes qu'elles étaient sur la docilité des monarchies du Golfe.
L'événement n'est pas anodin et ne répond pas à un réduit jeu d'intérêts. C'est tout le profil des monarchies, l'Arabie Saoudite à l'avant-garde, qui paraît changer. Il y a là une prise de conscience évidente d'une maturité de la part de ces pays, hier absente, qui les conduit à ne tenir compte que de leurs propres intérêts. Elles ont été, elles aussi, durement touchées par la crise économique mondiale et ne comptent plus se laisser traîner dans des calculs géostratégiques où elles sont perdantes.
De fait, la réduction de la production pétrolière décidée par l'OPEP+ est une prise d'une longueur d'avance sur un sérieux bras de fer qui s'annonce dans les jours à venir. La Commission européenne a annoncé être à la recherche de formules pour obliger les pays producteurs à baisser leurs prix. La division de plus en plus visible des Etats occidentaux n'augure pas une solidarité certaine pour qu'ils avancent en rang serré. Il n'est pas non plus certain que les grands groupes pétroliers occidentaux se plieraient de bonne grâce à une collaboration solidaire contraire à leurs intérêts et à leur raison d'être.
Il devient alors certain que l'année 2023 s'annonce lourde en sombres péripéties.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 09/10/2022
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abdou BENABBOU
Source : www.lequotidien-oran.com